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Par George Yancy, professeur de philosophie

Pour comprendre cette pratique dégradante, il faut examiner le visage blanc qui refuse de se voir à travers ses propres créations monstrueuses.

Dans ses mémoires intitulées “Black Boy”, Richard Wright exprime sa consternation devant le fait que l’Amérique blanche continuerait à ne pas comprendre ce que signifie être Noir en Amérique parce qu'”il faudra une Amérique plus grande et plus dure que toutes celles que nous avons connues“.

Comme beaucoup d’autres, je partage la consternation de Wright. Nous n’avons pas vu beaucoup de preuves de cette Amérique plus grande et plus dure lorsqu’il s’agit d’interroger sérieusement et collectivement le racisme blanc dans ce pays. Les récents scandales concernant d’éminents Blancs s’étant grimé en Noirs nous ont rappelés cet échec.

Le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, a dû s’excuser pour être apparu, en 1984, sur une photo de l’annuaire de sa faculté de médecine. Sur le cliché on distingue deux étudiants, l’un déguisé en Noir et l’autre revêtant l’uniforme du Ku Klux Klan. Il a admis avoir noirci son visage pour ressembler à Michael Jackson, en donnant pour prétexte le fait qu’il se rendait à une soirée.

De même, le représentant de l’État de Floride, Anthony Sabatini, s’était maquillé pour ressembler un Noir, tout en arborant des chaînes dorées, des lunettes de soleil et une casquette des New York Yankees. Il était alors en seconde année du collège.

Au moment où ces lignes sont écrites, Sabatini et Northam refusent toujours de démissionner de leurs fonctions politiques.

Après que ces incidents ont été rendus publics, j’ai vu et entendu des experts blancs et des commentateurs condamner ces cas individuels et ces personnes. C’est certainement une attitude raisonnable. L’histoire et la nature racistes du Blackface ne font certes pas l’objet de beaucoup de polémiques. La condamnation est le signe d’une plus grande prise de conscience de cette pratique blessante et raciste, mais c’est aussi un moyen de prendre de la distance.

En attribuant la pratique du Blackface à quelques “moutons noirs”, ils ne tirent aucun enseignement pédagogique sur la nature profondément ancrée du racisme blanc américain. Ils ignorent aussi à quel point le Blackface n’est en fait qu’une expression perverse de la blancheur.

Pour faire face au visage noir, pour ainsi dire, nous devons nous attaquer de front à la structure de la blancheur qui l’anime. Le blackface est une performance historiquement fondée sur la suprématie blanche et, à ce titre, un acte de terreur épistémologique et ontologique. En d’autres termes, le Blackface est une forme de “savoir-faire blanc” (en réalité, d’ignorance blanche), de projection blanche, et de stipulation par la concrétisation de ce que signifie être Noir à travers le mensonge sur ce que signifie être Blanc. […]

New-York Times

Merci au Shérif de Nottingham

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