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Dans de plus en plus de villes, les autorités luttent contre la criminalité des clans. Le réseau peut-il également s’étendre au sud de l’Allemagne ? Questions pour un chercheur en migration.

Monsieur Ghadban, vous êtes né au Liban et, en tant qu’érudit islamique, vous êtes l’un des experts les plus importants en matière de criminalité clanique. Votre lieu de résidence à Berlin est devenu un bastion de la criminalité des clans en Allemagne.

Qu’est-ce qu’une zone de non droit signifie pour vous ?

Ghadban : Les zones de non droit sont un vide juridique. Les policiers sont traqués et importunés. Des policières sont victimes d’attouchements. Ils reçoivent des menaces de la part des membres de clans du genre “Nous savons où vous vivez” ou “Nous savons dans quelle école vont vos enfants”. La plupart du temps, les policiers sont impuissants face à cela.

Depuis quand existe-t-il une menace des clans arabes?

Ghadban : Les structures claniques existent en Allemagne depuis 20 ans, mais pendant longtemps elles n’ont pas vraiment été remarquées. Il y a plusieurs raisons à cela.

D’une part, le phénomène était nouveau. A l’époque, on ne pouvait pas ou on ne voulait pas comprendre le crime clanique – une  criminalité organisée sur une base familiale. D’autre part, il existe une idéologie multiculturelle dans la société : les minorités ethniques ne doivent pas faire l’objet de discrimination. Il a même été désapprouvé de placer le crime par rapport à l’ethnicité. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le politiquement correct.

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La police veut-elle envoyer un signal ?

Ghadban : Bien sûr. Le public est maintenant conscient du problème et l’État subit de fortes pressions. C’est pourquoi nous observons de fortes mises en scène d’actions policières. Il convient de noter que la plupart d’entre elles n’ont jamais abouti à des résultats concrets.

Pourquoi les autorités échouent-elles ?

Ghadban : Les poursuites contre les crimes des clans sont inadéquates. Je pense en particulier à la réforme législative de 2017 sur la confiscation des avoirs, qui devrait donner à l’État davantage de possibilités de confisquer l’argent des activités criminelles. La loi n’a pas atteint son objectif parce qu’un aspect essentiel, le renversement de la charge de la preuve, ne fonctionne pas. L’État doit encore prouver devant les tribunaux que les fonds sont des biens volés et non l’inverse. Cela doit changer.

Comment peut-on briser des clans criminels ?

Ghadban : En les empêchant de faire du profit. Si cela ne rapporte pas aux membres sur le plan financier, la structure du clan se désagrège. L’un des problèmes, cependant, est que dans de nombreux États fédéraux, la police ne dispose d’aucune information sur les structures et l’organisation de la criminalité clanique.

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Les membres de clan avec des lunettes de soleil à la mode qui collectent l’aide sociale, est-ce un cliché ?

Ghadban : Non, c’est la réalité. Ils considèrent Hartz IV [NDLR : La loi Hartz IV a fusionné les aides sociales et les indemnités des chômeurs sans emploi en une allocation forfaitaire unique] comme un revenu fixe. Ils génèrent des revenus supplémentaires par la criminalité. Les professions violentes sont particulièrement populaires ; les clans, par exemple, sont entrés très tôt dans l’industrie de la sécurité. Puis ils ont vu à quel point le trafic de drogue est lucratif. Dans leurs quartiers, ils réclament de l’argent pour la protection des magasins et de l’argent aux prostituées, ce que l’on appelle de l’argent de poche. Tout le monde doit payer quelque chose.

Les critiques vous accusent souvent d’alimenter l’AfD avec vos déclarations. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Ghadban : En tant qu’érudit islamique et chercheur sur les migrations, je fais ces déclarations depuis plus de vingt ans, quand il n’y avait pas d’AfD. Si l’AfD prend en charge certaines choses, je ne peux pas l’empêcher. Je ne suis pas responsable des conclusions qu’il en tire. Cette critique est dangereuse, elle correspond à l’attitude du politiquement correct, qui supprime les opinions libres. Elle empêche une discussion objective des sujets et la laisse aux radicaux.

Les structures claniques existent-elles aussi dans d’autres cultures ?

Ghadban : On les retrouve aussi cela chez les Tchétchènes, chez les Albanais et chez les Kosovars. Ce sont des structures familiales qui proviennent de leur pays d’origine et qui ont démontré leur efficacité dans le domaine criminel à l’exemple des Mhallamiye (Liban). Le danger de l’imitation est donc présent.

Combien y a-t-il de membres de clan en Allemagne aujourd’hui ?

Ghadban : Selon les estimations de l’Office fédéral de la police criminelle, ce groupe compte aujourd’hui 200 000 membres – et le problème s’aggrave. […] Leur taux de natalité est vraiment astronomique. Les familles avec douze, quatorze ou seize enfants ne sont pas rares. Le taux de natalité des Mhallamiye est beaucoup plus élevé en Allemagne qu’au Liban.

Pensez-vous qu’une extension des structures claniques au sud de l’Allemagne soit possible ?

Ghadban : Grâce à mes contacts, je sais que la concentration de Mhallamiye à Stuttgart augmente. Leur désir d’y fonder leur  propre mosquée en est une preuve. Ils en ont déjà à Berlin, à Essen et à Brême, et même à Malmö en Suède. Cependant, je vois un plus grand danger avec les réfugiés nouvellement arrivés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui apportent avec eux des structures claniques et qui profitent des réseaux existants en Allemagne. Grâce aux regroupements familiaux, qui deviennent de plus en plus intenses, ils auront bientôt l’occasion d’établir leurs structures claniques dans d’autres régions également.

(Traduction Fdesouche)

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