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[…] Il y a indéniablement des résultats dont il faut tenir compte dans cette étude […] Mais il faut constater son biais idéologique qui annihile, selon moi, une part du crédit scientifique que l’on peut accorder à cette étude, et impose de prendre avec pincettes les conclusions sociologiques que l’on peut en tirer.

Tout est en effet dans le choix des « théories du complot » qui sont testées dans le sondage. Dix ont été retenues :
[…]

Il y aurait à dire sur la manière dont l’une ou l’autre de ces propositions est écrite, ce qui peut influencer sur le résultat, mais l’essentiel à mes yeux n’est pas là. L’essentiel, c’est que beaucoup de ces dix théories sont des théories dont on peut supposer par avance qui si elles sont populaires, elles seront plutôt populaires chez les individus qui n’ont pas une place élevée dans la hiérarchie sociale. Dès lors, il est logique et attendu que les conclusions de l’étude démontrent que ceux qui croient aux théories du complot sont surtout des pauvres, mal éduqués, qui votent pour les extrêmes, et des jeunes qui n’ont pas de recul sur l’actualité ou sont intoxiqués aux réseaux sociaux.

Or quels auraient été les résultats si l’on avait proposé d’autres théories du complot ? Par exemple :

-Les gilets jaunes sont un mouvement créé ou entretenu par la Russie pour déstabiliser le gouvernement ;
-Christophe Dettinger a été aidé par un avocat d’extrême-gauche, ça se voit, il n’a pas les mots d’un boxeur gitan ;
-Le RIC est une idée poussée par l’extrême-droite pour faire revenir la peine de mort ;
-Les serveurs Huawei sont équipés de mouchards qui permettent aux Chinois de nous espionner ;
-Donald Trump est un agent russe ;
-Mediapart est une officine au service de l’opposition.

Ce sont tout autant des théories du complot non démontrées (ce qui ne veut pas dire qu’elles sont toutes fausses), mais ce ne sont pas celles retenues et donc testées par Conspiracy Watch et la Fondation Jean Jaurès. Il est pourtant probable qu’au moins une partie de ces théories aurait été approuvée, pour le coup, par des citoyens parfaitement bien informés, éduqués, rémunérés… ce qui aurait beaucoup modifié la cartographie sociologique des résultats. Le choix des propositions énoncées oriente donc la conclusion des réponses.

Ce constat n’est pas neutre quand on lit l’annonce finale de la fondation Jean Jaurès, qui veut faire le lien entre perméabilité au complotisme et gilets jaunes :

L’élaboration de la présente enquête est en outre contemporaine de l’émergence du mouvement des « gilets jaunes » au mois de novembre 2018. Monopolisant rapidement l’attention médiatique et le débat public, ce mouvement de contestation a été émaillé, dès son origine, de dérapages conspirationnistes, particulièrement visibles sur les réseaux sociaux au moment de l’attentat de Strasbourg du 11 décembre 2018, interprété instantanément par beaucoup d’internautes se reconnaissant dans le mouvement des « gilets jaunes » comme une tentative du gouvernement de détourner l’attention médiatique de la contestation sociale. Affirmer que le complotisme constituait un caractère inhérent à ce mouvement à la fois insaisissable et protéiforme pouvait sembler aventureux en l’absence de toute enquête quantitative permettant de l’objectiver. Nous avons donc intégré à l’enquête une série de questions sur le positionnement des sondés par rapport aux « gilets jaunes ». L’analyse de ces réponses fera l’objet d’une note distincte de Jérôme Fourquet, directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’Ifop.
Par ailleurs, une note spécifique sur « complotisme » et « sympathises partisanes » sera publiée dans les prochains jours.

Finissons donc sur une théorie du complot : et si le choix des questions n’était pas un hasard mais bien le fruit d’un calcul ?

Plus probablement, il est le fruit d’un biais idéologique que l’on a tous : le complotisme, c’est ce que pensent les autres.

Champeau.info

Sur Fdesouche :

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