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On le lit, on le relit, et n’en revient toujours pas. Le récit d’Emmanuel Berretta, qui, avec quelques autres journalistes, a rencontré la semaine dernière le président de la République dans son bureau, est stupéfiant. (…)

« Le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. Le bien public, ce n’est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c’est l’information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l’information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes. Cette rémunération doit être dénuée de tout intérêt. Mais quelque part, cela doit aussi venir de la profession. »

Vous ne rêvez pas. Le président de la République propose que l’État rémunère certains journalistes dans les rédactions. Il envisage sans ciller ce qui ressemble à une nationalisation partielle de la presse.  (…)


Article de Claude Askolovitch

(…) Notre président de la République veut réordonner notre monde; nous manquons de vérité, il va y remédier. Il veut «s’assurer de la neutralité» et «vérifier l’information» dans les médias, en créant des «structures», financées par l’État, qui contrôleraient médias publics et privés, structures nanties de journalistes qui seraient les «garants» de l’affaire. Notre président de la République, disons simplement, veut mettre le journalisme sous tutelle, telle une classe sociale assistée dont il faudrait encadrer les «conneries», tels des présupposés casseurs qu’il faudrait bannir des manifestations. La liberté s’épanouira sous la contrainte? Son organe de vérification s’imposera-t-il à la presse? Les journalistes qui lui seront affrétés deviendront-ils nos supérieurs et nos gardiens, nos censeurs, les auxiliaires du pouvoir, de l’État?

(…) Ce qu’a rapporté le Point, sur les envies présidentielles de mise au pas de la presse est étouffé par la paresse commune. Ces rêveries sont sérieuses; elles font corps avec sa vision du monde, ou du moment. Il faut alors entreprendre ce que le journalisme de petite cour n’a pas accompli. Trier, passer au tamis, ordonner, comprendre, dans le fatras des mots élyséens, ce qui le révèle, et pourtant n’a pas fait les titres, ni les commentaires, ni le bruit.

(…) Je ne sais pas si Emmanuel Macron pense réellement qu’il va, lui et lui seul, refonder la République et rendre au peuple la palabre, une palabre à lui destinée, et ceux qui en doutent ou le contestent ne sont que subversifs ou manipulés, et tels les médias promis à rééducation. Je ne sais pas s’il le pense, ou se contente de le dire, ou d’en rêver.

(…) Slate.fr

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