C’est un homme prêt à payer très cher pour montrer qu’il est important. Un intrigant à la fortune abondante qui ne mégote pas sur les chausse-trapes pour poser à côté des puissants. Pour faire connaissance avec l’individu, un détour par son compte Instagram s’impose. Un vertigineux panthéon de selfies y est exposé, avec Emmanuel Macron, François Hollande, Edouard Philippe, Bernard Cazeneuve, ou encore le roi du Maroc, Mohammed VI. Mais qui est donc Mohamad Izzat Khatab, mystérieux homme d’affaires syrien de 49 ans, installé à Paris depuis 2002 ?

Libération s’intéresse au personnage depuis plusieurs mois. C’est que le Syrien a été l’un des premiers bienfaiteurs d’Alexandre Benalla, aux prises avec la justice après les révélations par le Monde, en juillet, des violences commises lors des manifestations du 1er Mai. Selon nos informations, l’ex-collaborateur de l’Elysée a séjourné plusieurs semaines dans l’un des appartements d’Izzat Khatab, situé avenue Montaigne, à Paris (VIIIe arrondissement), entre septembre et octobre.

(…) Ce n’est pas la première fois que ce dernier est dans le viseur des services de renseignement. A l’été 2016, le Service central du renseignement territorial (SCRT) s’est intéressé à son profil. Toujours dans l’idée de s’assurer de multiples allégeances, le Syrien effectue un don de 7 000 euros en chèque au Conseil français du culte musulman (CFCM). Le SCRT se procure une copie du chèque et procède à des vérifications. Les policiers français apprennent alors qu’Izzat Khatab a eu des soucis financiers en Suisse, et que pour cette raison, il a déjà été refoulé de la principauté de Monaco. Intrigués, plusieurs policiers poursuivent les surveillances. C’est ainsi que Hassen Chalghoumi est identifié en compagnie d’Izzat Khatab à de multiples reprises, au même titre qu’une flopée de people et de personnalités politiques. Des prostituées sont aussi aperçues, parmi lesquelles les sœurs d’un trafiquant de drogue notoire de Sevran, bien connu des services de police. Benalla pouvait-il tout ignorer du CV de son sulfureux logeur?

(…) Libération