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Tribune de Hugo Micheron chercheur doctorant à l’Ecole normale supérieure, Bernard Rougier membre senior de l’Institut Universitaire de France, et Gilles Kepel Professeur à l’université Paris Sciences sur les motivations de Chérif Chekatt, auteur de l’attentat de Strasbourg.

A en croire certaines opinions parues dans la presse, le tueur présumé du marché de Noël à Strasbourg n’aurait rien à voir avec l’islam. «Chérif Chekatt ou le faux jihadiste», écrivait le sociologue Farhad Khosrokhavar dans les pages Débats du Monde. Dans la même rubrique, le sociologue de l’université Paris-XIII Daniel Verba surenchérissait dans cette rengaine dénégationniste: «Il n’y a en quelque sorte que de faux jihadistes» (15 et 18 décembre 2018). Selon eux, le crime aurait été commis «par désespoir», dû à la «souffrance psycho-affective» d’un «jeune de banlieue» faisant partie des populations «racisées» – ce dernier terme relevant du lexique militant du Parti des Indigènes de la République, soudain hissé par certains universitaires à la dignité de concept des sciences sociales. […]

Le propre père de celui-ci, lui-même salafiste assumé a pourtant témoigné de l’admiration de Chérif «pour Daech, qui agissait pour une juste cause». Mais pour les dénégationnistes tout cela est sans pertinence: il n’y a «rien à voir» – et donc à savoir ni à apprendre – sur la dimension idéologique de pareil terrorisme. […]

Invoquer ici «faux débat» ou «faux jihadistes» constitue un enfumage qui ignore les liens entre la constitution d’enclaves idéologiques à l’intérieur des quartiers populaires et les socialisations religieuses conduisant à l’acte terroriste. Face à pareil dénégationnisme, il importe plus que jamais de décrire les phénomènes dans leur complexité au lieu de les occulter par dogmatisme. […]

Libération

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