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Tribune de Alain Duhamel dans Libération.

La France d’Emmanuel Macron et celle de Jean-Luc Mélenchon mais surtout de Marine Le Pen se défient du regard et s’invectivent. Vieux vertiges français et nouveaux vacillements de la démocratie.

La crise française ne s’achève pas avec l’inflexion sociale, au demeurant bienvenue, de la stratégie d’Emmanuel Macron. L’allocution présidentielle fera sans doute baisser la pression des «gilets jaunes» et les mesures annoncées introduiront vraisemblablement un coin entre les activistes en colère et une opinion publique lassée par un mois de tumultes et d’affrontements. Reste cependant l’essentiel, la marque spécifique de ce nouveau psychodrame national : l’extrémisation française. Ce qui se passe dans notre pays n’a en effet rien d’anodin. La violence verbale qui se déploie n’a pas de précédent depuis au moins Mai 1968 et même sans doute depuis la fin de la guerre d’Algérie. […]

En mai 2017, l’extrême gauche – si talentueusement exprimée par Jean- Luc Mélenchon, notre grand poète tragique – et l’extrême droite – brutalement incarnée par Marine Le Pen, notre Walkyrie rageuse, et par Nicolas Dupont Aignan, notre sous-Salvini – ont rassemblé au premier tour près de la moitié des voix, mesure spectaculaire de la colère et du rejet. […]

Pire : les fractures françaises se creusent, extrémistes contre réformistes, européens contre souverainistes, métropoles contre territoires, inclus contre exclus, diplômés contre peu qualifiés. La France de 2018 est un grand corps blessé par de multiples fractures. […]

Libération

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