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Ousmane, jeune migrant guinéen de 17 ans a vécu le pire sur la route vers l’Europe. Il vit aujourd’hui à Niort dans le département des Deux-Sèvres. Reconnu mineur, il est pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et nourrit l’espoir de pouvoir rester en France, une fois majeur. […]

En deux ans, sa vie a complétement changé. Début 2017, Ousmane a quitté la Guinée Conakry, seul et sans rien ou presque. « Je suis parti de chez moi avec une paire de magres (NDLR. Une paire de crampons), j’avais un survêtement que je portais et mon sac à dos. Je ne me suis pas lavé pendant deux mois, deux mois dans les mêmes vêtements. Deux mois ! Vous ne pouvez pas imaginer, c’était compliqué. »

Ousmane est un rescapé. Pour rejoindre l’Europe, comme tant d’autres, il a traversé le désert, la Libye et la Méditerranée. Il raconte à demi-mot l’innommable. « C’est une route qu’on ne prépare pas. C’est comme si tu te traversais le feu et qu’on te demandait de faire le retour. On se retrouve dans une situation, dans des circonstances qui ne permettent vraiment pas de retourner en arrière. Après avoir rencontré certaines personnes tu n’as plus envie de l’avenir. C’était des”satans”, des tueurs. »

Pendant ces deux mois d’enfer, Ousmane n’a jamais perdu son objectif de vue, gagner l’Europe. « En Guinée, tu n’es pas scolarisé, tu n’as pas à manger, tu es livré à toi-même. Les ethnies s’en prennent les unes aux autres. Quand il y a une manifestation entre deux partis politiques, il y a des victimes qui n’ont rien à voir dans tout ça. Alors les jeunes préfèrent aller mourir dans le désert à la recherche du bonheur que de mourir dans leur pays. »

Ousmane a finalement été « débarqué » en France. Sur les passeurs qui l’ont accompagné jusqu’ici, il ne dira presque rien. Niort ? Une destination choisie au hasard, en regardant un panneau d’affichage dans une gare. Une réponse lapidaire presque récitée contrairement à tout le reste de son récit.

Ce qui marque chez Ousmane, c’est sa maturité. Le jeune homme parle très bien français. […]

Il parle de ses parents avec tendresse, le téléphone leur permet de garder le contact. « Je les rassure, je leur dis que tout va bien. » Puis, ses grands yeux noirs s’assombrissent. « Un jour j’ai rencontré un monsieur de 49 ans en France. Je lui ai dit que ça fait deux ans que je n’ai pas vu ma maman, que je suis loin de la famille, il m’a dit que c’était incroyable. »

Ousmane aura 18 ans le 15 janvier 2019. À partir de cette date, il ne sera plus pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, mais son contrat d’apprentissage lui laisse un peu de répit dans un avenir encore incertain. […]

La Croix

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