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La grogne contre la hausse des prix des carburants n’est donc qu’une goutte d’eau ?

Tout à fait. La colère de ces populations vient de beaucoup plus loin. Cela fait des années que ces catégories de Français ne sont plus intégrées politiquement et économiquement. Il y a eu la fermeture progressive des usines puis la crise du monde rurale. Pour eux, le retour à l’emploi est très compliqué. En plus, ils ont subi la désertification médicale et le départ des services publics. Idem pour les commerces qui quittent les petites villes. Tout cela s’est cristallisé autour de la question centrale du pouvoir d’achat. Mais le mouvement des Gilets jaunes est une conséquence de tout cela mis bout à bout.

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Le dialogue entre ces populations et la classe politique semble coupé…

Oui. Le monde d’en haut ne parle plus au monde d’en bas. Et le monde d’en bas n’écoute plus le monde d’en haut. Les élites sont rassemblées géographiquement dans des métropoles où il y a du travail et de l’argent. Elles continuent de s’adresser à une classe moyenne et à une réalité sociale qui n’existent plus. C’est un boulevard pour les extrêmes…

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Les mesures d’accompagnement à la conversion d’un véhicule propre, proposées par le gouvernement ces derniers jours, n’ont pas atténué la colère des Gilets jaunes. Que faudrait-il faire ?

Les réponses apportées par le gouvernement sont à côté de la plaque. Les gens ne demandent pas des solutions techniques pour financer un nouveau véhicule. Ils attendent des réponses de fond où on leur explique quelle place ils ont dans ce pays. De nombreux élus locaux ont des projets pour relancer leur territoire, mais ils n’ont pas d’argent pour les mettre en place. Il faut se retrousser les manches pour développer ces régions, partir du peuple plutôt que de booster en permanence les premiers de cordée.

Le Parisien

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