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Alors que Santé Publique France a démarré son enquête sur le cas de 18 bébés nés sans bras entre 2000 et 2014, la piste des pesticides se précise. L’investigation de l’institution va notamment porter sur le cas de veaux également nés mal formés à la même époque.

Qu’est-ce qui a pu causer l’agénésie des membres supérieurs de 18 nouveaux nés dans l’Ain ?
La question anime depuis quelques semaines les experts, les familles de victimes et les institutions depuis qu’Emmanuelle Amar, l’épidémiologiste du Remera (registre des malformations en Rhône-Alpes) a lancé l’alerte.

Parmi les pistes examinées : la contamination via les pesticides. La découverte de cas de veaux nés avec des malformations dans la même région et à la même période semble renforcer cette piste. L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) s’est d’ailleurs emparée du dossier et a fait appel à son un observatoire des maladies bovines pour examiner la corrélation des données.

Pourquoi les malformations de veaux sont similaires aux agénesies chez les humains ?

Dès 2011, lorsqu’elle a commencé à répertorier les cas de malformations dans la région, Emmanuelle Amar a comparé la situation des différentes familles pour tenter de dessiner les premiers contours du scandale sanitaire. Résultat: “l’un des points communs entre toutes les victimes est d’être originaire d’un milieu rural”, affirme Emmanuelle Amar à l’Usine Nouvelle. Un constat qui ouvre grand la porte à la piste de la contamination aux pesticides.

Le mécanisme physiopathologique chez tous les êtres vivants étant similaires, le Dr. Michel Vekemans, professeur de génétique médicale et chef du Pôle de biologie et produits de santé à l’hôpital Necker à Paris suggère de faire le point sur l’état des troupeaux dans les régions contaminées. “La malformation peut aussi survenir à cause d’un agent tératogène, c’est-à-dire un agent chimique, physique ou biologique, qui n’entraîne pas de mutation dans l’ADN mais qui déclenche des malformations pendant la grossesse. Dans ce cas, le même genre de malformations pourrait survenir à la naissance d’animaux dans les fermes aux alentours,” explique le spécialiste dans une interview accordée à l’Usine Nouvelle.

Des cas confirmés dans l’Ain

Or, Emmanuelle Amar est catégorique: des cas d’agénésie de queues et de cotes ont été constatés chez les veaux de la région à la même période. “Dans un email de mars 2015, les services vétérinaires (DDPP) de la région confirment qu’il y avait bien eu des signalements de malformation dans les troupeaux” affirme la lanceuse d’alerte.

Contactée par l’Usine Nouvelle, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de l’Ain n’a, pour le moment, pas souhaité confirmer ses informations.

Mais interrogée sur le sujet, le directeur général de l’ANSES, Roger Genet a confirmé l’information et a indiqué avoir mis en place une approche interdisciplinaire en s’appuyant sur l’observatoire des maladies bovines et une plateforme d’épidémiologie en santé animale pilotée par le min de l’agriculture pour trouver des corrélations dans les zones impactées. “Nous connaissons les maladies animales qui provoquent ce type de conséquences. Aujourd’hui, il ne faut pas simplement chercher les causes les plus fréquentes d’agénésies dans les livres de médecine mais avoir une approche interdisciplinaire. Si un animal est malade, il y a des causes qui peuvent aussi avoir un impact sur l’homme” explique le dirigeant, qui par ailleurs affirme qu’aucun produit tératogène n’est aujourd’hui autorisé en France.

Les premiers résultats de l’ANSES devraient être connus en janvier 2019 et les conclusions définitives en juin prochain.

L’Usine Nouvelle


29/10

Malgré le soutien affiché de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, les six salariés du registre lyonnais des malformations vont perdre leur travail après l’affaire des bébés sans bras de l’Ain.

L’autoproclamée lanceuse d’alerte dans l’affaire des bébés sans bras de l’Ain, accusée par plusieurs épidémiologistes d’être une « irresponsable » manipulant l’opinion, sera au chômage en janvier. Emmanuelle Amar, la directrice du registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera), a reçu sa lettre de licenciement vendredi. La mesure, qui prendra effet le 31 décembre, frappe aussi cinq de ses collègues, tous salariés de l’association lyonnaise connue pour avoir révélé le scandale de la Dépakine. « Notre employeur, les Hospices civils de Lyon, n’a plus les moyens de débourser les 250.000 euros annuels qui permettaient de payer nos salaires et notre loyer, se désole Emmanuelle Amar. Je suis d’autant plus choquée qu’Agnès Buzyn avait annoncé dimanche dernier que le registre n’était pas menacé. »…


20/10

Contrairement à ce qu’affirme Didier Guillaume, la loi dispose que c’est au producteur du pesticide de prouver que son produit n’a pas d’effet sur la santé.

Le nouveau ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, s’est attiré les foudres d’ONG et de la gauche, vendredi 19 octobre, en déclarant que les scientifiques devaient faire la preuve que l’usage de pesticides avait des conséquences sur la santé. « C’est aux scientifiques de faire la preuve ou non qu’il y a des conséquences à l’usage des pesticides ou pas », a déclaré le ministre lors d’un entretien à l’antenne de RTL.

Notamment « sur la question des bébés sans bras, il faut que la science fasse son travail », a-t-il ajouté, faisant référence aux cas de bébés nés sans mains, bras ou avant-bras dans l’Ain. Or, dans ce cas précis, l’Agence sanitaire du ministère de la santé a choisi d’arrêter d’enquêter. « L’analyse statistique ne met pas en évidence un excès de cas par rapport à la moyenne nationale, et Santé publique France n’a pas identifié une exposition commune à la survenue de ces malformations », avait en effet écrit l’agence sanitaire dans un rapport publié au début d’octobre.

(…)

Mais la question des pesticides est brûlante en France, et les propos du ministre ont été très mal reçus par les ONG concernées comme par la gauche, plutôt tenants du principe de précaution. « Je vous présente Didier Guillaume, nouveau ministre des pesticides. On attend toujours la nomination d’un ministre de l’agriculture… », a commenté la sénatrice écologiste Esther Benbassa sur Twitter.

« Heureusement que ça ne fonctionne pas comme le ministre le suggère parce qu’on pourrait mettre n’importe quoi sur le marché et attendre qu’il y ait des morts pour pouvoir retirer le produit. Je pense qu’il s’est mal exprimé, c’est pas possible », a déclaré François Veillerette, porte-parole de l’ONG Générations futures.

(…)

« La loi stipule que c’est au producteur de prouver, au moment de la demande de mise sur le marché, que son produit n’a pas d’effet inacceptable en regard des différents critères réglementaires. Ce n’est pas aux scientifiques de montrer que le produit a des effets. On va mettre (cette déclaration) sur le compte de l’inexpérience », a ajouté M. Veillerette. « Après, il peut y avoir des éléments scientifiques nouveaux qui interviennent et peuvent entraîner une suspension ou un retrait de l’autorisation. Ce fut le cas pour les néonicotinoïdes », admet-il.

Le Monde

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