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[…] Il y a une crise de l’autorité aujourd’hui. Pas simplement en France, mais dans nos démocraties occidentales. Elle est liée à des facteurs qui pèsent de plus en plus sur les dirigeants : l’élargissement de l’espace avec la mondialisation, le temps qui presse et qui stresse ; l’insécurité qui règne, l’individualisme favorisé par les technologies… Tous ces facteurs complexifient l’exercice de l’autorité.

Ce qui manque en politique comme ailleurs, c’est la vision stratégique. Nous sommes dans le temps court, dans la tactique, dans les moyens… Il faut retrouver la vision qui donne du sens. […] La situation dans certains quartiers est très préoccupante. Les difficultés n’y sont pas seulement économiques ou sociales, mais culturelles. L’échec en matière d’intégration est patent. Pourtant, je suis frappé de voir combien nous avons une belle jeunesse. Mais elle attend du sens, de l’humanité, le signal de valeurs partagées… et qu’on l’encourage. […]

Je n’ai pas la version définitive du projet service national universel (SNU). Mais je comprends que l’effet voulu est de reconstituer le creuset national. J’y souscris, puisqu’il y a à peu près 100 000 jeunes – sur les 800 000 d’une classe d’âge – qui sont en dehors du système, qu’on veut réinsérer. Il y a trois difficultés à surmonter sur le SNU : budgétaire d’abord – ça ne peut pas être le budget des Armées. L’infrastructure ensuite, pour loger tout le monde. L’encadrement enfin. Ces jeunes, en particulier ceux qui sont en marge, exigeront un encadrement étoffé. Mais là encore, je ne vois pas comment les armées, qui sont déjà à 25 % au-dessus de leur capacité opérationnelle, pourraient y parvenir.

L’autorité, ce n’est ni la mollesse tiède ni la dureté froide. C’est le chef qui est au service du bien commun, de l’intérêt général, qui fait éclore chez les gens tous les talents.

La confiance, c’est la valeur clé, l’aboutissement de l’exercice de l’autorité : quand on est chef, l’adhésion doit l’emporter sur la contrainte, et sur toute pression qu’on ferait peser sur ses subordonnés. C’est ce que j’appelle l’obéissance d’amitié : on est suivi parce qu’on est aimé. Le chef doit apporter du calme et de la sérénité. Plus ça chauffe, plus les merdes volent en escadrilles, plus il doit absorber les inquiétudes et diffuser de la confiance. Après, il y a d’autres qualités que je décris dans le livre : la compétence bien sûr, l’expérience, l’ouverture aux autres, la délégation et l’exemplarité. […]

Ce monde est dangereux et surtout, beaucoup plus instable. A quoi assiste-t-on ? Au retour des Etats-puissance qui augmentent de 5 à 10 % par an leurs moyens militaires et pratiquent la diplomatie du fait accompli. Au terrorisme islamiste avec lequel le monde et la France n’en ont pas fini. Aux migrations incontrôlées et au dérèglement climatique… Nous sommes dans une période de point de bascule, avec suffisamment d’éléments instables pour qu’un événement embrase tout. L’Histoire s’écrit sous nos yeux. […]

Le Parisien

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