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EXPLICATION Conformément à ce qu’affirmaient les historiens de l’Antiquité, archéologues et chimistes ont, pour la première fois, apporté la preuve, dans un article publié mercredi 7 novembre, que les guerriers gaulois embaumaient la tête de leurs ennemis avant de les exposer sur leurs monuments.

Comme souvent en archéologie, les textes et inscriptions des auteurs de l’Antiquité rapportent des informations qu’il n’est, a priori, pas possible de vérifier. C’est ainsi qu’à propos de la riche histoire des Celtes et plus précisément des Gaulois, l’historien Strabon (60 av. J.-C. et 20 ap. J.-C.) et le chroniqueur Diodore de Sicile (90 av. J.-C. et 30 av. J.-C.), contemporain de César et Auguste, ont décrit les pratiques rituelles des Celtes pendant l’âge du fer (800 avant J.-C. – fin du Ier siècle avant J.-C.) vis-à-vis de leurs ennemis, après la bataille.

Parmi ces pratiques, l’une des plus impressionnantes était de couper la tête des ennemis (décollation) tués au combat et de les embaumer pour les exposer devant les maisons des vainqueurs ou sur les palissades en bois des oppida (habitats fortifiés), comme celui de Corent, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). […]

« Les résultats ont révélé qu’une partie des échantillons analysés par spectroscopie contiennent des biomarqueurs de résine de conifères et des molécules de composés aromatiques obtenus uniquement lorsqu’on chauffe la résine d’arbres appartenant à la famille des pinacées notamment le cèdre », indique Réjane Roure. Il s’agit donc bien d’un traitement volontaire, correspondant à celui décrit dans les sources littéraires antiques. « C’est la première fois que des analyses chimiques permettent de prouver que les Gaulois pratiquaient l’embaumement de certaines têtes durant l’âge du fer », insiste l’archéologue.

La pratique de décollation des têtes des ennemis vaincus visait à affirmer la puissance guerrière des soldats celtes en général (comme en Irlande), et gaulois en particulier. Dans certains sites, comme au Cailar, les crânes étaient associés aux armes, amplifiant ainsi le rôle de trophée. La pratique de l’embaumement, elle, visait à « embellir » le trophée en aidant à la conservation des tissus, malgré les intempéries, tout en diffusant une odeur agréable. […]

La pratique de la décollation est-elle l’apanage des Gaulois du sud de la France ? « Non pas vraiment ? Certes, on en trouve à Roquepertuse (Bouches-du-Rhône), à l’oppidum d’Entremont, capitales des Celto-Ligures à Aix-en-Provence, mais aussi à Gournay-sur-Aronde (Oise) », explique la chercheuse.

(merci à Marfeuil)

La Croix

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