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La police a fait évacuer, hier à Tours, les locaux dans lesquels des migrants avaient trouvé refuge. La question de leur avenir se pose bruyamment.

Les regards sont stupéfaits. L’image des larmes et des cris de colère contrastent face à la froideur des forces de l’ordre.
Hier, à Tours, une trentaine de policiers ont évacué les occupants de l’ancien Centre des œuvres universitaires (Clous), situé au Sanitas. Des locaux inoccupés (*) dans lesquels des migrants croyaient avoir trouvé un toit éphémère, mercredi soir.

Vers 17 h, la préfecture et le procureur de la République, saisis pour un « flagrant délit de dégradation » en ont décidé autrement.

« Surpris » d’un tel déploiement armé, les bénévoles mobilisés sur place n’ont pu empêcher l’avancée de la colonne casquée. « Bravo, vous mettez des enfants à la rue ! Un jour après le début de la trêve hivernale, à Tours, on expulse des gens ! », hurle Marine, devant un mur de policiers.
La scène est prenante. Les premiers migrants sortent du Clous, abasourdis. « Vous allez nous laisser dormir dehors monsieur ? », interroge spontanément un Guinéen arrivé il y a deux semaines. Le fonctionnaire, posté devant lui, de l’autre côté du muret fixé comme limite à ne pas franchir, reste stoïque.
Dépourvu d’eau et d’électricité, l’ancien foyer pour étudiants a tiré de la rue des dizaines de migrants réunis jusqu’alors sous des tentes. Jusqu’à cent vingt au plus fort des deux nuits, dont une quinzaine de mineurs non accompagnés.

“ C’est une guerre contre les pauvres ”

Les rations de pain, les packs d’eau, les bonbonnes de gaz, puis les vêtements et les couvertures s’amoncellent devant l’entrée du bâtiment. On est déjà dans la gestion de l’après.
« Notre boulot, c’est de mettre ces gens à l’abri », partage Patrick Bourbon, du collectif solidaire des réfugiés de Saint-Pierre-des-Corps. Du pragmatisme. Qui n’élude pas la colère.

« Ils viennent s’abriter ici plutôt que de rester dans le froid et on les vire ! Ce n’est pas une guerre contre la pauvreté qui est menée, mais une guerre contre les pauvres », s’étouffe-t-il en sanglots.

Hier soir, un agent de la Direction départementale de la cohésion territoriale était sur place pour décrocher une quarantaine d’hébergements pour la nuit, à l’hôtel et auprès de l’association Émergence.
Ensuite ? Ensuite, « ces gens vont retourner d’où ils viennent, dénonce Anne Grandet, représentante d’Utopia 56, c’est-à-dire dans la rue. » Le début d’un nouveau combat.
(*) Ils ont été placés hier soir sous la surveillance d’une société privée.

La Nouvelle Republique

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