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Jair Bolsonaro est le grand favori du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne, qui a débuté dimanche. Article de Claire Gatinois, correspondante du Monde à Sao Paulo.

Exaspéré par la corruption de ses élites, fatigué par une crise interminable, le Brésil veut une révolution et entend le démontrer lors des élections générales. Alors que se décide le premier tour, dimanche 7 octobre, Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite, « anti-establishment » mais aussi raciste, misogyne et homophobe, reste ultra favori avec 40 % des intentions de vote, selon l’enquête Datafolha du 6 octobre. Il devance Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT, gauche), à 25 %. […] Le grand favori du scrutin, Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite, plaît pour son profil atypique, provocateur et « anti-système ». Il est en réalité le produit de ce système qu’il prétend mépriser : entré en politique à la fin des années 1980, il a été élu sept fois député. […]

Dans un pays où une personne est, en moyenne, assassinée toutes les dix minutes, le thème de la violence est omniprésent. A ce fléau, les partis traditionnels répondent par des mesures connues : une hausse des investissements dans les dispositifs de sécurité, une meilleure coordination entre les polices fédérale et régionales, militaires et civiles ou des politiques à plus long terme (éducation, réduction des inégalités). Jair Bolsonaro se distingue par une démonstration de force et d’autorité et une antienne : « Bandido bom é bandido morto » (« un bon bandit est un bandit mort »). Proposant de revenir sur l’« estatuto do desarmamento » (loi sur le désarmement) de 2003, il compte abaisser la majorité pénale à 16 ans, interdire les aménagements de peine et amnistier les crimes commis par des policiers. Une politique applaudie par nombre d’habitants des périphéries de grandes villes, usés par la barbarie des gangs et des milices.

L’écœurement des Brésiliens face aux scandales de corruption s’est accompagné d’une tendance au repli sur les valeurs traditionnelles que sont Dieu, la patrie, la famille, l’éthique. Bien avant le démarrage de la campagne, les polémiques frappant le monde de la culture ont donné le signal d’une montée d’un courant ultra-conservateur. […] Le Monde

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