Fdesouche

Article sur les populismes, de David Gakunzi, écrivain, ancien fonctionnaire international, sur le blog de Bernard Henri Lévy, La Règle du Jeu.

La haine libérée, posée tranquillement en sanctuaire, en bon sens populaire opposé à l’aveuglement des élites qui vivraient hors-sol. La haine, l’emprise intruse jusque dans l’intimité individuelle. La haine comme nouveau conformisme social. Comme facteur d’intégration nationale.

Nous assistons depuis quelques années, dans la plupart des pays européens, à l’essor d’une dynamique inquiétante. Des sociétés entières semblent atteintes de troubles de paroles, d’équilibre et d’humeur, l’espace politique étant de plus en plus phagocyté par des mouvements de masse rétrogrades et extrémistes. Quelle est la raison qui expliquerait les succès électoraux de ces mouvements ? Serions-nous rentrés, à notre insu, de plein pied dans l’âge des populismes ?

Les analystes classiques diront : il faut regarder du côté de l’économie. […] Thèse de toute évidence mécanique et minimaliste. […]

S’ils ne sont pas sympathiques lorsqu’ils s’agitent et vocifèrent du haut de leurs estrades, les leaders populistes ne sont pas pour autant des personnages au cerveau rabougri, embrouillé par le fanatisme, sans aucune capacité de raisonnement. Leurs actes et discours demeurent, souvent, froidement fondés sur une certaine analyse du fonctionnement des hommes mise ensuite au service de la réalisation de leurs ambitions : massifier la haine, invalider la raison critique, déstabiliser les démocraties, se saisir du pouvoir pour ne plus le relâcher, bouleverser la société de fond en comble.

Le populisme est un mal radicalement porteur de violence dans ses entrailles, violence enracinée dans son langage et manifeste dans sa propagande. Et si les méthodes de cette propagande évoluent et changent selon les circonstances, les lieux et les époques, elles n’en demeurent pas moins marquées par quelques éléments constitutifs récurrents : mensonges, désignation de boucs émissaires, anti-élitisme, clôture de la nation, attaques verbales d’une brutalité parfois inouïe… Il s’agit par une stratégie tension permanente tissée de formules chocs destinées à frapper les esprits, de capter l’attention générale, de radicaliser l’opinion et de prendre quartiers au cœur du débat politique. […]

La Règle du Jeu

Fdesouche sur les réseaux sociaux