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Alors que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-unis se poursuivent, Pékin joue de sa puissance pour appuyer ses positions stratégiques sur le continent africain. Par Emmanuel Véron, Institut national des langues et civilisations orientales.[…]

Avec plus d’un millier de participants attendus, le sommet témoigne de la montée en puissance des relations sino-africaines dans la continuité de la politique étrangère de Pékinà l’égard de l’ensemble du continent.

Trois principaux éléments de diplomatie ont motivé ce sommet : légitimer l’image d’un « grand pays en développement » en continuité avec la conférence de Bandung (1955), resserrer l’étau diplomatique autour de Taiwan et sécuriser les approvisionnements chinois (hydrocarbures, matières premières et produits agricoles). Ce choix politique de Pékin a progressivement pris la forme d’un réseau d’influences très diverses, représentées à l’occasion du FOCAC, une instance de coopération créée en 2000 et destinée à asseoir dans la durée l’emprise chinoise sur le continent africain et peser dans la gouvernance mondiale.[…]

Deux thèmes majeurs ont été discutés dans la continuité de la tournée africaine de Xi Jinping fin juillet (sa quatrième visite depuis son arrivée au pouvoir en 2012) : l’intégration des pays africains au projet de Nouvelles routes de la soie et la construction d’une « communauté sino-africaine ».[…]

Xi Jinping a ainsi promis une enveloppe de 60 milliards de dollars pour le développement répartie entre investissements et prêts supplémentaires (15 milliards de dollars d’aide gratuite et de prêts sans intérêts).[…]

Avant d’être un investisseur massif, la Chine fournit surtout des marchandises et des services. Les investissements directs étrangers (IDE) de la Chine vers l’Afrique s’élèvent à 2,4 milliards de dollars en 2016 contre 2,9 milliards en 2015. Alors que la Chine est devenue en moins d’une décennie le principal créancier du continent, les incertitudes liées à l’endettement des économies africaines sont de plus en plus criantes.

Le Fonds monétaire international (FMI) met en garde un grand nombre de pays dont l’endettement s’est considérablement accru ces dernières années (l’exemple de Djibouti est le plus éloquent, sa dette publique est passée de 50 % à 85 % du PIB en deux ans), notamment là où la Chine a pu investir via son projet de Nouvelles routes de la soie. La dette auprès de Pékin atteint 132 milliards de dollars depuis vingt ans.

Les ressources naturelles aident à rembourser la dette contractée par hypothèque. Les minerais ou les hydrocarbures participent au remboursement. Ce poids économique de la Chine peut constituer des débats de politique intérieure comme l’ont montré les mécontentements des populations africaines récurrents, en particulier sur les questions d’emplois, de tissu économique et industriel, et de concurrence déloyale de la part des entreprises chinoises.[…]

L’agence Moody’s évalue a près de 2 500 entreprises chinoises installées en Afrique et 114 milliards de dollars d’échanges pour l’année 2016. Difficile à chiffrer, tant les flux démographiques sont importants et souvent sous-estimés, il y aurait plus d’un million de Chinois en Afrique.

La Tribune

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