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Dans une Afrique du Sud qui se veut démocratique et multiraciale du fait de la composition particulière de sa population et son histoire minée par plus de 100 ans de colonialisme, dont 50 ans de discrimination et de ségrégation institutionnalisées – l’apartheid –, nous voyons poindre à un an des échéances électorales la bête immonde qu’est le « racisme revendiqué ». Parler de nationalisme serait d’ailleurs minimiser les propos tenus, tout récemment, contre la communauté indienne d’Afrique du Sud, par les président et vice-président du second parti d’opposition du pays – l’Economic Freedom Fighters, EFF (Combattants pour la liberté économique) –, Julius Malema et Floyd Shivambu. Très souvent est pointé du doigt le racisme des Blancs, dont celui des Afrikaners nostalgiques de l’apartheid, envers les Africains. Or la tendance à discriminer propre aux Africains est au même moment minimisé, voire « caché sous le tapis », au nom de la souffrance du « peuple noir ». […]

L’EFF s’attaque tour à tour à la communauté blanche – à travers une rhétorique populiste, violente de la redistribution des terres – et à la communauté indienne. [..]

Trop souvent présent au Comité permanent des Finances au Parlement, selon les propos du vice-président de l’EFF – appuyé par Julius Malema –, Ismail Mononial porterait atteinte au leadership africain et donc aux « Africains ». Poursuivant sa charge, le numéro 2 du parti prête un sentiment de supériorité à Ismail Mononial face au directeur général, les ministre et vice-ministre des Finances qui sont « africains », et « ses supérieurs hiérarchiques ».[…]

Cette attaque contre le vice-directeur, outre le fait d’être particulièrement ridicule et à fort relent racial voire raciste, montre sans doute une méconnaissance du fonctionnement d’un gouvernement et des hauts fonctionnaires et du terme « déléguer » ; dans n’importe quelle démocratie, les ministres et vice-ministres s’appuient sur un personnel compétent et délèguent les dossiers techniques. […]

En outre, non contents de s’attaquer à un individu dont ils essaient de remettre en question l’engagement au sein du mouvement antiapartheid – ce qui est totalement réfuté par les anciens « comrades » – camarades – d’Ismail Mononial, les deux chefs de file de l’EEF prennent à partie l’ensemble de la communauté indienne, majoritairement installée dans la province du KwaZulu-Natal. Sans aucune preuve issue d’une étude sociologique et politique, Julius Malema affirme que la communauté voterait exclusivement pour le DA ou qu’il n’existe pas de couples interraciaux entre les Indiens et les « Africains ». Qu’en sait-il alors qu’il n’est pas dans l’intimité des hommes et femmes issus des deux communautés ? […]

En jouant avec le feu de la division, le populisme et les récriminations des Africains envers les Indiens, les dirigeants de l’EFF oublient que si l’Afrique du Sud est aujourd’hui libre depuis 1994, c’est aussi en grande partie grâce à de grands leaders indiens du mouvement de libération nationale.[…]

Le Point Afrique

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