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Le philosophe et écrivain Guillaume Le Blanc prône une société de l’hospitalité, main tendue aux migrants et à tous les exclus. Il entend ainsi organiser le contre-empire de la fraternité, multipliant les propositions pour lui donner corps.

Nous sommes dans une lame de fond du nationalisme. On le voit en Italie, en Autriche, en Pologne, en Angleterre. L’hypothèse que je formule est que cette lame de fond s’érodera car elle ne résout rien.

[…]

Nous savons secourir, nous ne savons pas accueillir. Car accueillir suppose un temps long, un espace durable, un dispositif dans lequel on prend le temps de soutenir une existence, de voir avec elle où elle veut aller. Ce développement durable de la politique humaine n’est pas à l’ordre du jour. […]

Pourquoi ? Pour des raisons financières ? Philosophiques ?

C’est une très bonne question. Il n’y a pas de raisons financières car l’hébergement d’urgence, la sécurisation des lieux coûte très cher. Cela ne coûtera pas plus cher de faire des dispositifs durables. Il manque un courage politique. Cynthia Fleury avait vu juste sur le courage politique.
Il faudrait avoir conscience du temps long, tenir tête à l’opinion, s’opposer aux idées reçues, expliquer qu’accueillir des migrants ne constitue pas un appel d’air. Ce manque de courage est presque une faute politique.

On a des armes en main pour faire autrement : l’ordonnance de 1945 permet de réquisitionner des bureaux vides. En France, il y a 3 à 5 millions de mètres carrés vides dont des centaines de milliers appartiennent à l’Etat. Des réquisitions permettraient de mettre à l’abri les sans domiciles et les migrants, d’agir pour qu’ils ne dorment plus dans la rue. Or aujourd’hui, on assiste à une dramatisation de l’opposition entre les pauvres d’ici et les pauvres d’ailleurs. […]

Pourtant, nous aussi avons accueilli des immigrés parce qu’on manquait de main-d’œuvre, nous sommes allés les chercher au Maghreb.
On l’a effectivement fait, mais en France on est en train de réécrire notre histoire. On efface l’histoire des immigrés, comme si on regrettait de les avoir fait venir. C’est comme dans “1984”, on efface le passé en réécrivant les mots du présent. On est dans une logique de repoussoir. […]

Nouvel Obs

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