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Fils d’immigrés mal intégrés, ou victimes du racisme? Mesut Özil et Ilkay Gündogan, les internationaux allemands d’origine turque, sont au coeur d’une polémique aux relents nauséabonds qui empoisonne l’ambiance autour de la Mannschaft à trois jours de son entrée en lice au Mondial-2018 contre le Mexique.

Ce que l’Allemagne appelle désormais «l’affaire Gündogan» traîne depuis la mi-mai, lorsque le joueur de Manchester City et son compère d’Arsenal ont été pris en photo à Londres, en train de remettre des maillots dédicacés au président turc Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne électorale.

«A mon président», avait écrit Gündogan au feutre sur son propre maillot.

Vendredi, pour le dernier match à domicile à Leverkusen avant le départ pour la Russie, une partie du public a copieusement sifflé Ilkay Gündogan, qui a pleuré dans le vestiaire en fin de match, selon la presse allemande. Özil, légèrement blessé, ne jouait pas.

Au lendemain de la publication de la photo controversée, le président de la Fédération allemande (DFB) Reinhard Grindel avait vertement tancé ses deux joueurs, au nom du «respect des valeurs allemandes».

Et l’extrême droite parlementaire s’est fait un plaisir de rappeler que, s’ils reconnaissaient Erdogan pour leur président, alors ils feraient mieux de porter le maillot de la Turquie.

L’ancien international Stefan Effenberg, une voix qui porte dans le football, a même plaidé pour leur exclusion de l’équipe, ce que le sélectionneur Joachim Löw affirme n’avoir jamais envisagé une seule seconde.[…]

En fait, le débat touche une corde sensible bien au-delà du domaine sportif. Depuis que la chancelière Angela Merkel a accepté d’accueillir plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015-2016, une partie de la droite et l’extrême droite allemande ont durci leur discours anti-immigration.

Nés à Gelsenkirchen dans la Ruhr, Gündogan et Özil ne sont pas des réfugiés, et n’ont même pas la nationalité turque. Mais la fidélité à leurs origines familiales fait d’eux des cibles évidentes.

«Il y a quelque chose de plus profond, qui va au-delà de ces deux joueurs», a tenté d’expliquer mercredi le président de la DFB Reinhard Grindel, très attaché au travail de sa fédération en faveur de l’intégration: «Il y a des problèmes dans ce pays qui dépassent largement le football. (…) Nous sommes confrontés à un problème de société, qui nous touche nous, Fédération, parce que nous sommes un miroir de cette société».

Les Échos

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