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En janvier, Yann Moix avait interpellé le président de la République avec son emphase habituelle, le traitant de “criminel”, l’accusant de piloter “un protocole de la bavure” contre les sans-papiers à Calais. Mais dans son documentaire pour Arte, les images promises pour alimenter ce procès sont absentes.

“J’affirme que des fonctionnaires de la République frappent, gazent, caillassent, briment, humilient… Je l’ai vu et je l’ai filmé.”

(…)  Le problème c’est que ces preuves, le téléspectateur les cherchera en vain dans les 50 minutes que dure le documentaire. Pour dire les choses : si on voit Yann Moix à profusion (c’est la mode de se mettre en scène soi-même davantage que le sujet, et on n’en devient pas Claude Lanzmann pour autant), consoler des sans-papiers pleurant sous l’effet de gaz lacrymogène, on ne voit pas de scène de violence. Car la caméra de Moix n’est jamais là où elle aurait dû être : avec les migrants lorsqu’ils sont effectivement maltraités par des policiers qui utilisent des bombes à gaz (ce que l’on sait par un rapport de l’inspection du ministère de l’Intérieur, pas par Moix) et après. Avec les migrants et les passeurs lorsqu’ils attaquent en masse les parkings où stationnent les camions en partance pour l’Angleterre ; avec les migrants lorsque certains s’en prennent aux forces de police (images montrées sur le service public) ; avec les passeurs lorsqu’ils passent… en procès (le mot même de passeur n’est pas prononcé, comme si les migrants étaient arrivés là par l’opération du saint-esprit) ; avec les clans ethniques lorsqu’explosent des violences aiguisées par la concurrence pour les bonnes places à la soupe populaire ou pour les passages outre-Manche – des vraies violences où l’on échange des coups de couteaux ; avec les migrants qui acceptent de rejoindre les centres d’hébergement de la République, puis d’entrer dans la démarche de demande d’asile (éventualité que Moix n’évoque jamais, y compris lorsqu’il converse dans un anglais de 6ème avec des Erythréens ou des Afghans qui sont automatiquement acceptés par l’OFPRA)…

Un dernier exemple : au tout début, il évoque des « persécutions contre des enfants ». On frémit à cette seule évocation. Mais de bambins on ne verra aucun, sauf métaphoriquement par la présence de jouets abandonnés dans les campements de fortune. (…)

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