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(…) Sacko Soumayla, un Malien de 29 ans, a été tué hier dans la province de Vibo Valentia d’un coup de fusil tiré par quelqu’un à longue distance. Avec deux autres hommes, Madiheri Drame, 30 ans, et Madoufoune Fofana, 27 ans, la victime était entrée dans l’ex-Fornace, une fabrique abandonnée, à la recherche de vieille tôle et d’autres matériaux utiles pour construire un abri de fortune (…)

«On ramassait de la ferraille quand une vieille Fiat Panda blanche s’est arrêtée et un homme est sorti avec un fusil, il nous a tiré dessus 4 fois», a raconté Madiheri Drame. Le premier projectile a touché Soumayla à la tête, le faisant s’écrouler. Mais le mystérieux tireur ne s’est pas arrêté là. Il a juste changé de cible. Un projectile a visé la jambe de Madiheri Drame, tandis que le plus jeune des trois, Madoufoune Fofana, 27 ans, a réussi à se mettre à l’abri. D’autres coups de fusil se sont perdus dans la nuit puis l’homme -de carnation claire, d’après le témoignage des survivants- s’est esquivé, et le seul des trois garçons demeuré indemne a pu donner l’alarme (…).

Tous résidents réguliers en Italie, les trois hommes vivaient dans le campement voisin de San Ferdinando, un ghetto de baraques et de tentes de fortune qui, il y a quelques mois seulement, a été partiellement détruit par un incendie qui a couté la vie à Becky Moses. D’après les projets de la Préfecture, il aurait dû être démantelé et détruit, tandis que les journaliers devaient être transférés vers un nouveau campement à proximité. Une «solution temporaire», disait-on l’été dernier, en attendant le signal de départ de projets d’accueil réparti. Mais la nouvelle structure s’est avérée trop petite pour accueillir tous les journaliers qui travaillent dans les plantations et les vergers d’agrumes de la plaine de Gioia Tauro, et les programmes de logement alternatifs n’ont jamais démarré (…).

Né après la révolte du 7 janvier 2010, quand les migrants étaient descendus dans la rue pour protester suite à la blessure de l’un des leurs, un “frère” dont quelqu’un avait détruit le bras par jeu en lui tirant dessus avec un fusil à air comprimé, le camp de tentes a été plusieurs fois abattu puis reconstruit comme «solution temporaire». Mais huit ans après la révolte, les tentes sont encore debout. Et c’est là que syndicats, associations et comités qui s’occupent de longue date des journaliers, se donnent rendez-vous ce matin afin de prendre le pouls de la situation. Cet énième deuil qui frappe le camp provoque colère et désespoir.

L’inquiétude est grande à la préfecture. Une  réunion d’urgence de la coordination des forces de police a été convoquée dans la nuit afin de programmer une intensification des contrôles dans la zone. Entretemps, l’enquête, confiée aux carabiniers de Vibo Valentia, se poursuit. On recherche un homme de carnation claire qui, d’après ce qui a émergé des relevés effectués dans la soirée, se serait posté dans une maisonnette à environ 150 mètres de l’ancienne fabrique, avant de s’éloigner ensuite en voiture. Les enquêteurs passent au crible les vidéos des caméras de surveillance, mais l’identification du tireur pourrait s’avérer difficile. Et pendant ce temps, dans le camp, la colère continue de monter.

La Repubblica

(Merci à OmarSharif)

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