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En annonçant une procédure pour la création d’une Église orthodoxe indépendante, le pouvoir ukrainien veut signifier sa volonté de se séparer de la Russie.

Que l’annonce vienne du président ukrainien lors d’un voyage d’État en Turquie était un premier indice que l’affaire n’est pas strictement religieuse. Petro Poroshenko n’a d’ailleurs pas cherché à s’en cacher : le lancement d’une initiative pour la création d’une Église orthodoxe ukrainienne unifiée est une question de « géopolitique », a-t-il lancé aux parlementaires ukrainiens.

La déclaration initiale s’est faite à Istanbul le 17 avril, à la suite d’une longue rencontre entre le président ukrainien et le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomeos, l’autorité la plus importante pour la reconnaissance officielle d’une nouvelle Église orthodoxe. Coup politique pour le président ukrainien à un an de l’élection présidentielle, la question de l’autocéphalie est aussi une conséquence de la division de l’orthodoxie dans le pays.[…]

Le Patriarcat de Moscou est en perte de vitesse

Les temps changent, note le sociologue Mikhail Mishchenko : « Le nombre d’Ukrainiens se reconnaissant dans le Patriarcat de Kiev augmente de manière constante depuis 2000, représentant 29 % aujourd’hui ». Le Patriarcat de Moscou est lui en perte de vitesse depuis 2010 : 15 % des Ukrainiens s’en revendiquent.[…]

Le Patriarcat de Kiev s’était joint aux manifestants du Maidan

La reconnaissance d’une Église orthodoxe ukrainienne voudrait dire, pour le Patriarcat de Moscou, « qu’il ne serait plus dépositaire de la naissance historique de l’Église slave », note Nicolas Kazarian. Difficile à avaler pour Moscou, qui pourrait agiter le spectre d’une fragmentation de l’orthodoxie pour bloquer l’autocéphalie.

Au-delà des symboles, l’affrontement entre les deux Églises trouve aussi racine dans l’actualité récente. Les tensions entre le Patriarcat de Moscou et celui de Kiev ont ainsi atteint leur paroxysme avec la révolution de 2014 et le conflit dans l’Est du pays.

Tandis que des prêtres du Patriarcat de Kiev se sont joints aux manifestants du Maidan, le Patriarcat de Moscou a très vite été accusé d’être à la solde de la Russie et de soutenir les séparatistes. Les scandales se sont depuis succédé, contribuant à creuser le fossé entre les deux Églises et permettant au pouvoir ukrainien de présenter l’autocéphalie comme un enjeu de sécurité autant que de construction nationale.

 

La Croix

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