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On croyait la polémique enterrée depuis que le parquet avait classé sans suite la plainte de Jean-Michel Blanquer contre Sud Education 93 pour «diffamation», le syndicat se voyant reprocher d’avoir employé la notion de «racisme d’Etat» dans sa communication sur un stage qu’il organisait en décembre dernier. L’affaire n’est pourtant pas terminée, en tout cas sur le plan judiciaire. En effet, Sud Education 93 a annoncé dans un communiqué que, les 9 et 10 avril, plusieurs de ses membres ont été entendus par la sûreté territoriale de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Motif : si le parquet a classé la plainte du ministre de l’Education nationale, il a tout de même décidé d’ouvrir une enquête sur de potentiels faits de «discrimination». Il l’a confirmé à Libération.

L’accusation de «diffamation» envers Sud Education 93 portait sur le choix des mots, mais c’est la notion de «non-mixité» qui est visée cette fois-ci. Le stage de formation proposé par Sud Education 93, en décembre dernier, était consacré à l’antiracisme à l’école. Il proposait aux enseignants intéressés d’assister à neuf ateliers, dont deux en «non-mixité raciale», c’est-à-dire réservés aux personnes racisées. Le principe de non-mixité, que l’on a déjà vu appliqué dans d’autres mouvements, notamment féministes, est défendu comme un mode d’organisation temporaire (le temps de réunions, de discussions, de rencontres…), qui permet aux personnes concernées de parler librement des discriminations qu’elles subissent, sans craindre que leurs propos ne soient entendus ou commentés par des personnes appartenant au(x) groupe(s) discriminant(s).

Sur quoi ont porté les auditions ? «Les policiers voulaient savoir qui avait organisé le stage, et ont posé des questions de vocabulaire et de politique», relate Maud Valegeas, professeure au collège Elsa-Triolet de Saint-Denis, qui fait partie des treize personnes entendues – un panel que le syndicat a voulu large, car il fonctionne de manière collective. «Les policiers ont également voulu savoir si des gens avaient été empêchés d’accéder au stage. Ça n’a pas été le cas du tout», explique aussi la professeure. Jules Siran, professeur dans un collège de Bobigny, abonde : «Pour organiser le stage, on avait pris nos dispositions pour avoir un service d’ordre face aux menaces, qui était réelles : les vitres de notre local avaient été brisées. Mais durant la formation, il n’y a eu aucune difficulté ni en externe ni en interne. Tout le stage s’est déroulé très tranquillement, personne n’a eu à se plaindre.»  (…)

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