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Si on en croit Goldman, il suffira d’un signe pour déclencher toute une série d’événements. C’était vrai pour entrer dans le top 50 en 1981, ça l’est aussi pour agiter toute une ville en 2018. Le signe en question est venu sans prévenir du ministère de la Culture, le 23 janvier dernier. Dans un salon de la rue de Valois, entre deux tables à dorures, un drapeau bleu-blanc-rouge et un autre de l’Union européenne, la ministre Françoise Nyssen présentait ses vœux aux acteurs du monde de la culture et jetait un pavé dans la mare. « On ne va pas déplacer le Louvre » , démarre-t-elle gentiment, avant d’envoyer un hochement de tête au directeur du plus grand musée du monde. Et d’enchaîner : « Mais pourquoi s’interdire, cher Jean-Luc Martinez, c’est un exemple, de déplacer la Joconde ? »

(…) Françoise Nyssen le sait bien et rappelle que ces dernières décennies, la toile n’a bougé que deux fois : « C’était pour aller à l’étranger. Aux États-Unis dans les années 1960, et un voyage au Japon avec un arrêt en Russie dans les années 1970. Il est légitime de chercher à la faire circuler sur notre territoire. » Le souci, c’est que ces prêts avaient été décidés directement par l’Élysée au mépris des avis des conservateurs, et que la Joconde est revenue endommagée. Alors, les dirigeants actuels du Louvre mettent leur veto à tout nouveau déménagement, même si la ministre de la Culture est persuadée de mener un combat juste : « La Joconde appartient à tous les Français, elle doit pouvoir être vue de tous. La mobilisation des supporters du RC Lens rappelle combien le désir de culture est fort dans tout notre pays. L’art et la culture ont leur place partout, y compris dans un stade de football. Partager une culture, ça veut dire qu’en France, le féru de peinture italienne connaît Zidane, l’amateur de foot connaît La Joconde, et parfois c’est une seule et même personne. Un pays est soudé par des références communes : la France, c’est aussi bien Zidane que La Joconde. »

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