Fdesouche

D’un côté, le gouvernement ouvre plus de classes de CP et de CE1 dans les zones prioritaires. De l’autre, il ferme des classes dans les villages. Les écoles rurales seraient-elles sacrifiées pour ces classes à effectif réduit ? Le gouvernement s’en défend. A l’Œil du 20h, nous sommes allés inspecter.

A une heure d’Amiens, dans la Somme, la petite école de Ponthoile va fermer. Les 28 élèves de primaire et maternelle, répartis sur deux classes multiniveaux, digèrent mal la fermeture. “C’est notre deuxième maison, confie Amélie, élève de CM2, on a grandi dedans, avec nos copains on est une deuxième famille. Le village il va être désert, y aura plus que la chasse.”

Pourquoi cette fermeture ? Pour justifier cette décision, dans une lettre envoyée au maire de Ponthoile, l’inspecteur d’académie évoque notamment deux raisons : « La mise en place des classes à effectifs réduits en CP et en CE1 (…) la prévision de -782 élèves attendus dans les écoles publiques du département.”

Une tendance constatée dans ce village où le nombre d’élèves a baissé, mais, pour le directeur de l’école, Jean-Luc Massalon, qui y enseigne depuis 18 ans, cette fermeture est le signe de l’abandon des campagnes au profit des réseaux d’éducation prioritaires, les REP : “On a l’impression d’être sacrifiés complètement, il y a des enfants en difficulté dans les REP, mais on a aussi des enfants en difficulté à la campagne. Il faut pouvoir mettre des enseignants dans ces classes-là.”

Dans d’autres villages, le nombre d’élèves est stable, et pourtant des classes vont fermer. C’est le cas à Eaucourt-sur-Somme, dont l’école regroupe les élèves de plusieurs communes. Selon les parents d’élèves, les effectifs devraient être en hausse à la rentrée prochaine. Avec une classe en moins, il n’y aura plus 20 mais 28 enfants par classe.

Pour Antoine Sannier, parent d’élève, cette fermeture est la conséquence directe de la mise en place du dédoublement des classes de CP : “On nous ferme une classe alors qu’on a des effectifs déjà importants, pour ouvrir à côté à 5 km dans une zone d’éducation prioritaire. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on ne déshabille pas la campagne.”

En effet, à Eaucourt-sur-Somme, une classe ferme et à une dizaine de kilomètres, à Abbeville, quatre ouvertures de classes sont prévues, toutes pour des CP à effectifs réduits. Bilan dans le département : 77 ouvertures de classe, nombreuses en ville, dont 73 pour des CP à effectifs réduits. Et 36 fermetures, essentiellement en milieu rural.

“On ment aux gens”

Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, dément que la fermeture de classes en milieu rural permet de répondre aux besoins d’enseignants dans les zones prioritaires : “Il n’y a aucun endroit en France où on ferme une classe quand il y a une augmentation du nombre d’élèves, ça n’est pas vrai. On ment aux gens pour essayer de les mobiliser. Je vous le dis, et je peux tout à fait rectifier une décision si on me montre le contraire.”

Le ministre affirme aussi avoir créé 3 800 postes. Suffisant, selon lui, pour dédoubler les classes de CP et CE1 en zone prioritaire. Les syndicats, eux, ne sont pas de cet avis. A la rentrée prochaine, à l’Œil du 20h, on fera les comptes.

France TV

Merci à valdorf

Fdesouche sur les réseaux sociaux