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Si nous continuons à être inexistants sur le plan numérique, l’Afrique parlera chinois. Emmanuel Macron a insisté sur l’importance de la francophonie, même s’il est le plus anglophone des présidents de la Ve République. L’avenir du français se situe en Afrique: Kinshasa est la plus grande ville francophone du monde devant Paris et le seul Congo devrait abriter 200 millions de francophones en 2100.

Cette progression du français ne se fait certes pas sans heurts -le Rwanda francophone a décidé de devenir anglophone-, mais Jacques Attali se réjouit: “220 millions de personnes dans le monde utilisent aujourd’hui le français comme langue maternelle. Elles seront 700 millions dans trente-cinq ans si nous réussissons à maintenir notre présence culturelle, en particulier en Afrique. C’est la seule langue dont le nombre de locuteurs va tripler. Cela constitue un formidable atout économique, au moment où le numérique offrira de plus en plus d’opportunités de travail, de formation, de distraction à distance. Cela exige d’investir dans la culture, l’éducation, l’attraction des étudiants étrangers, la défense de la francophonie, qui doit devenir un puissant rassemblement culturel, politique et économique.

Hélas, la francophonie est gravement menacée par la faiblesse de la France en matière de numérique et d’intelligence artificielle (IA). Les équilibres stratégiques du monde se reconfigurent et l’ambition impériale chinoise se structure autour d’un réseau ambitieux d’infrastructures. Ce projet titanesque est limpide: une “nouvelle route de la soie” qui permettra de lier l’Asie, l’Europe et l’Afrique, par des voies terrestres, maritimes et numériques, sera l’axe de communication principal de l’empire chinois pour étendre son modèle politique et économique.

Xi Jinping est désormais président à vie et va mener d’une poigne de fer son projet impérialiste: la Chine veut devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2040 grâce à l’IA. Son plan pour que l’Afrique devienne la Chinafrique est colossal. Derrière les pelleteuses et les banques chinoises, la colonisation numérique de l’Afrique par les BATX -Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi-, les équivalents chinois des désormais célèbres Gafa, sera foudroyante.

Les Gafa et BATX deviennent peu à peu les bras armés des puissances américaine et chinoise. Le seul Tencent -le T de BATX- est déjà 20 fois plus gros en Bourse que Vivendi. Le territoire impérial des Gafa comporte les Etats-Unis, le Canada, l’Amérique du Sud, l’Europe, une partie de l’Asie et l’Océanie. Les BATX chinois sortent désormais de Chine, comme en témoigne l’arrivée d’Alibaba à Paris, et vont attaquer l’Afrique, qui sera riche de 4 milliards et demi d’habitants à la fin du siècle.

Les BATX, totalement contrôlés par le pouvoir chinois, vont être un pilier essentiel de la stratégie de conquête économique, politique, mais aussi linguistique de l’Afrique par la Chine. Les BATX proposeront bientôt des IA médicales qui ridiculiseront la coopération médicale française, et des IA éducatives qui mettront les universités francophones de la Françafrique en grande difficulté.

L’Afrique francophone deviendra progressivement l’Afrique mandarinophone si nous continuons à être inexistants sur le plan numérique. Les bouleversements géostratégiques et géo-économiques de cette nouvelle route de la soie sont immenses, mais la France est dans le déni: ses élites refusent d’admettre que notre pays est sous-développé en IA. Si Cédric Villani ne convainc pas le président Macron de la gravité de notre retard, la francophonie, en 2100, ce sera la France, la Wallonie, Genève et Montréal.

L’Express

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