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Autriche, Hongrie, Pologne… le camp antieuropéen progresse sur le continent. Et cette montée des populismes risque de s’accroître avec les prochaines élections. Quelles seraient les conséquences d’une telle poussée ? Comment la combattre ? Éléments de réponse avec Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, un groupe de réflexion d’obédience libérale.

Ce succès des populismes, c’est alarmant pour l’Europe ?

Oui. On voit dans les pays européens une poussée sans précédent du vote populiste, au détriment des partis modérés, ceux de droite qui reculent nettement, et ceux de gauche qui s’effondrent. L’Europe aura du mal à résister à cette vague. Elle n’a pas été conçue pour faire cohabiter des majorités nationales hostiles à la coopération européenne. Or on commence à avoir de telles forces au pouvoir : en Autriche, en Hongrie, en Pologne, Roumanie, République tchèque, et peut-être demain en Italie. Des majorités qui prennent, ou pourraient prendre, des décisions contraires à la tradition européenne, par exemple sur la liberté de circuler des personnes.

Comment caractériser ces partis ? Leur point commun est de vouloir réunir tous les protestataires, les déçus, les antisystème, antimondialisation, anti-immigration, etc. Ils prospèrent d’autant mieux que leur discours antieuropéen est repris par des partis de gouvernement. Ces derniers accréditent ainsi l’idée que les partis populistes sont au cœur du débat public.

Ils ont un même programme ? Ils prônent une vision simplifiée de la société : les élites et le peuple. Le discours anti-immigrés est devenu beaucoup plus anti-islam, vu comme un système culturel à l’encontre de notre système de valeurs. Cette rhétorique outrancière ainsi qu’une très forte personnalisation à la tête de l’organisation les caractérisent. Ils ne menacent pas de mettre à bas la démocratie, prétendent même protéger ses valeurs contre l’islam. Comme l’égalité hommes femmes, le droit d’opinion contre les censeurs -l’affaire des caricatures du prophète au Danemark en 2004 ou bien sûr Charlie Hebdo-, la liberté sexuelle contre les homophobes islamistes… Tout ce discours rompt avec la phraséologie et l’univers de l’extrême droite. Ils se présentent comme les vrais démocrates, les vrais résistants, parlent de « fascislamistes ». On est démuni face à ce retournement. […]

En France, un(e) populiste peut être vainqueur en 2019 ou en 2022 ?

Les élections à venir resteront fortement marquées par l’affirmation de ce mouvement, qu’il s’agisse des Européennes ou de la présidentielle. La décomposition en cours de notre système politique offre un contexte particulièrement favorable aux entreprises populistes, celles que nous connaissons… et celles qui peuvent surgir à la surprise générale.

Le Parisien

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