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De nombreux livres véhiculent des stéréotypes sexistes alors que « la petite enfance est une période cruciale dans la construction de la représentation du monde ».

Est-ce le signe d’une nouvelle époque ? Après l’affaire Weinstein, ce qui n’aurait indigné qu’un cercle militant hier trouve aujourd’hui un écho plus large. Un mouvement d’indignation sur les réseaux sociaux et une pétition en ligne signée par près de 150 000 personnes ont eu raison d’un ouvrage publié par les éditions Milan en février, On a chopé la puberté, destiné aux filles âgées de 9 ans et plus. […]

L’affaire attire l’attention sur les clichés sexistes dans la littérature jeunesse, que la maison d’édition Talents hauts combat, depuis 2005, dans ses livres destinés aux enfants dès 2 ans. « Les livres ne sont pas neutres, explique Laurence Faron sa fondatrice. La petite enfance est une période cruciale dans la construction de la représentation du monde. » Or, les garçons sont plus nombreux et plus valorisés dans les livres pour la jeunesse.

« Ils ont des rôles sociaux variés : astronautes, pilotes, super-héros, gendarmes, relève Mme Faron. Les filles sont infirmières, maîtresses d’école ou femmes au foyer dans l’écrasante majorité des cas. Les personnages de filles sont statiques, ceux de garçons en mouvement. Les petites filles apprennent de façon subliminale à être dociles et jolies, les garçons courageux et compétitifs. »

Les ouvrages de Talents hauts démontent les clichés. Dans Blanche-Neige et les 77 nains, l’héroïne, lasse de servir d’aide à domicile à ses hôtes trop exigeants, quitte la chaumière pour aller faire un somme dans la forêt. Deux livres en forme de déclaration des droits affirment que les filles peuvent « hurler, se défendre, se bagarrer, se mettre en colère », tandis que les garçons ont le droit « de jouer à la poupée, à la dînette, à l’élastique, à la marelle ».

Faut-il alors remiser une bonne partie des livres pour enfants, y compris de grands classiques ? « Censurer Blanche-Neige n’a pas de sens, poursuit Laurence Faron. Il faut amener les enfants à réfléchir eux-mêmes sur les images. Et leur montrer autre chose. Ce qui est dommageable, c’est le manque de variété. »

Le Monde

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