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Au moment de la photo, sur le banc, elle lui met sa main sur l’épaule. Il s’approche légèrement vers elle. Géraldine Gourbe, un peu en retrait, lui porte alors un regard furtif. Comme celle d’une mère qui veille. Fodé n’est pas son fils, mais qu’importe. C’est tout comme.

Cela fait plus d’un an que Fabien Vehlmann et sa femme hébergent un jeune Guinéen prénommé Fodé. Mais tout pourrait s’arrêter car la préfecture a rejeté sa demande de titre de séjour.

Voilà encore deux ans, elle ne le connaissait pas. Voilà encore trois ans, il traversait la Méditerranée. Voilà encore quatre ans, il tentait de survivre en Guinée. Pendant qu’elle montait des expos ou donnait des cours dans une école supérieure d’art et que son compagnon, Fabien Vehlmann, échafaudait son énième bande dessinée.

Emus par les images des naufragés de la Méditerranée de l’été et l’automne 2015, ce couple de gauche, pas spécialement militant, « plus Hamon que Mélenchon » selon Géraldine, a poussé la porte de Pause Kawa, un espace d’accueil géré par l’association Gasprom, collectif nantais d’assistance aux immigrés. « J’ai utilisé ce que je sais faire, et improvisé un atelier d’écriture avec des adolescents, pour les aider à mettre des mots sur leur parcours et leur histoire », explique Fabien Vehlmann.

Ses hôtes, à qui, il a souhaité, tout à trac, la fête des Mères et des Pères. Ses copains et dirigeants de foot. Ces policiers qui l’ont contrôlé et lui ont offert un kebab. Ses camarades de classe. Son futur maître de stage, qu’il va rejoindre pour six semaines dans cet espace culturel d’un hypermarché.

Fabien, lui, sent bien que « le pays est extrêmement tendu sur ces questions, mais comment voit-on notre avenir ? Un entre-soi de Français vieillissants ? A l’heure où l’on se demande qui paiera nos retraites, comment ne pas changer notre point de vue sur ces jeunes motivés et méritants ? »

Ouest-France / Télérama

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