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Cet homme de 32 ans, originaire du Congo, a officié en tant qu’infirmier, puis pendant 14 mois, comme psychiatre à l’hôpital de Navarre à Évreux, avant d’être démasqué. Mis en examen et écroué, le « médecin imaginaire » a été remis en liberté.

En février 2016, il était embauché en qualité de psychiatre au centre d’accueil et de crise (CAC) du Nouvel hôpital de Navarre à Évreux. Quatorze mois plus tard, en mai 2017, les policiers de la Sûreté départementale de l’Eure se présentaient dans son service pour l’interpeller. Le « médecin imaginaire » était alors placé en garde à vue, puis mis en examen par un juge d’instruction d’Evreux et écroué.

Aujourd’hui, l’homme âgé de 32 ans, originaire du Congo, est toujours mis en examen dans le cadre de l’information judiciaire ouverte notamment pour « exercice illégal de la profession de médecin », « détention frauduleuse de plusieurs faux documents administratifs », « escroquerie », « détention de faux diplômes »… Mais il n’est plus sous les verrous. Peu avant Noël, le faux psychiatre a bénéficié d’une remise en liberté. Il est désormais sous le coup d’un contrôle judiciaire qui lui impose de se présenter tous les deux jours à la gendarmerie, lui interdit d’entrer en contact avec le personnel du Nouvel hôpital de Navarre et lui confisque son passeport congolais. Cette semaine, il a demandé un aménagement de ce contrôle judiciaire devant la cour d’appel de Rouen.

Ni lui, ni son avocat, n’ont souhaité s’exprimer sur la procédure en cours. Selon le parquet d’Evreux, le suspect a nié les accusations portées contre lui lors de son placement en garde à vue et expliqué avoir été victime d’une usurpation d’identité de la part d’un cousin congolais en situation irrégulière en France.

La supercherie a été découverte par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Rhône. Condamné en 2014 par le tribunal correctionnel de Lyon pour « exercice illégal de la profession d’infirmier », il devait des dommages-intérêts à l’organisme. C’est en remontant sa trace que la CPAM a constaté que le faux infirmier, marié et père de trois enfants, était employé comme médecin à Évreux… Il assurait des gardes de 24 heures au CAC, un service considéré comme les urgences psychiatriques. « Les patients lui étaient présentés pour qu’il pose un diagnostic. Et à l’issue de cette rencontre, les malades rentraient chez eux, étaient admis à l’hôpital ou orienté vers les centres médico-sociaux du département », expliquait, au moment de la révélation des faits, la présidente du comité médical d’établissement.

L’imposteur est parvenu à se faire embaucher grâce à une circulaire du ministère de la Santé, qui permet aux médecins titulaires d’un diplôme européen d’exercer en France en tant que « praticien attaché associé ». L’usurpateur aurait notamment fabriqué et fourni un faux diplôme en médecine, signé par le doyen et le secrétaire général d’une université roumaine. Rusé, il a même choisi le nom d’une vraie experte en traduction de diplôme pour imiter son cachet sur un document.

Lors de perquisitions menées à son domicile et dans sa voiture, les policiers ont saisi de faux documents administratifs, de faux diplômes, mais aussi des tampons encreurs émanant d’administrations françaises et étrangères. C’est à cette occasion aussi que les enquêteurs ont découvert qu’en plus de son traitement de médecin-psychiatre il percevait également le RSA depuis septembre 2015…

Le Nouvel hôpital de Navarre a porté plainte contre le faux psychiatre. Dans les prochains mois, il devrait être renvoyé en correctionnelle à Évreux. À ce jour, la direction de l’établissement n’a pas eu connaissance d’une éventuelle plainte déposée par l’un des quelque 500 patients qui ont été suivis par le « médecin imaginaire ». Aucun n’aurait pâti de ses « vrais-faux » soins.

Paris-Normandie

Merci à Yabonlaseku

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