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Selon les derniers sondages d’Infratest Dimap, l’AFD serait à 15% d’intentions de vote et le SPD à 16% si des élections devaient se tenir ce dimanche. Le jeune parti a déjà profondément modifié l’échiquier politique en Allemagne. Analyse de Jérôme Vaillant, professeur émérite de civilisation allemande à l’Université Charles-de-Gaulle Lille 3 et directeur de la revue Allemagne d’aujourdhui.

En quoi l’AFD peut-il réveiller un clivage politique qui a pu paraître inexistant au cours de ces dernières années ?

L’entrée de l’AfD au Bundestag avec 94 sièges sur les 709 que compte le parlement fédéral élu le 24 septembre 2017, a moins bouleversé dans l’immédiat le fonctionnement interne du Bundestag qu’elle n’a profondément modifié l’échiquier politique en Allemagne. Avec 12,6 % des voix, l’AfD est aujourd’hui la troisième force politique en Allemagne, son succès est dû à d’importants transferts de voix en sa faveur, près d’un million en provenance des chrétiens-démocrates, près d’un demi-million en provenance des sociaux-démocrates, environ 400.000 en provenance du parti La Gauche et surtout l’AfD a mobilisé 1,2 million d’abstentionnistes et près de 700.000 nouveaux électeurs.

Ces chiffres font apparaître l’AfD comme un mouvement dynamique capable de mobiliser tous azimuts. En même temps son électorat ne lui est que partiellement acquis puisque 61% de ses électeurs disaient avoir voté pour lui en raison de la déception que leur causaient les autres partis et seulement 31% parce que son programme les convainquaient. Dans un cas comme dans l’autre, leurs principales motivations ont été portées par la crainte du terrorisme et de la criminalité que l’Etat ne combattraient pas suffisamment et par la crainte que les flux migratoires et ce faisant l’islam ne transforment l’Allemagne en profondeur. […]

Ce bouleversement du paysage politique conduit la CSU à se montrer, depuis la nomination de Markus Söder comme futur ministre-président de Bavière, plus agressive envers l’AfD. Tout à fait dans la ligne de Franz Josef Strauss qui dans les années 1970/80 estimait que les chrétiens-démocrates ne devaient pas tolérer la formation de quelque parti que ce soit sur sa droite. […] Dans la perspective des élections régionales à venir à l’automne prochain en Bavière M. Söder veut redonner toute sa place à la CSU en reconquérant l’électeur protestataire de l’AfD. […]

atlantico

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