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Hier soir, au terme de deux jours de débats, la cour d’assises d’Indre-et-Loire a condamné Mehrez Kalli pour meurtre ayant pour objet de faciliter un délit. Une peine de vingt ans avait été requise.

Un crime crapuleux. Les mots de l’avocate générale Sabine Néale ont résonné dans la salle d’assises, hier après-midi. Au fil d’une démonstration implacable, elle a repris, fait après fait, la journée du 23 mars 2015. Ce lundi-là, Mehrez Kalli a donné deux coups de couteau mortels à Tamer Aras qui, comme deux de ses frères, avait été son employeur. 
L’accusé, boucher de son état a, sur plusieurs années, sur des périodes plus ou moins longues, travaillé pour cette famille de bouchers d’origine turque, présents sur les grands marchés de la région. Un homme, alors âgé de 28 ans, doué pour ce métier appris avec son grand-père algérien. Mais aussi un homme fruste, à l’élaboration mentale limitée et à la dépendance alcoolique avérée.

Une relation “ dominant- dominé ”

Ce lundi midi-là, après une altercation dans un kebab du centre-ville de Tours avec son ancien patron Tamer qui voit d’un très mauvais œil que son frère aîné embauche à nouveau Mehrez Kalli revenu dans la région, l’accusé va, sans préméditation mais avec conviction, s’enferrer dans un terrible scénario. 
Pour récupérer ses « papiers » (passeports français et algérien, document consulaire) ? Pour récupérer de l’argent dont son employeur, entre 2012 et 2014, l’aurait injustement privé ? Pour savoir pourquoi la victime l’insultait si soudainement et si fortement ce jour-là devant des badauds, lui reprochant des vols de viande, d’argent et des dégradations non réparées sur le camion ? Depuis le premier jour du procès vendredi (lire la NR de samedi), l’homme n’a eu de cesse de le répéter.
Hier, à l’heure de la plaidoirie, son avocate Me Claire Allain l’a redit plus fort encore. Mettant en lumière la relation particulière entretenue par les deux hommes. Un patron et son employé qui, dès le travail achevé, devenaient « des copains de boisson ». Une relation « en dents de scie » que l’accusé, par ras-le-bol alors que la victime n’accédait pas à ses requêtes aurait voulu faire disparaître ? 
Là où Me Allain évoque le « coup de sang » d’un homme « aveuglé par la colère », les avocats des parties civiles, Mes Kervennic (barreau de Rennes), Charrier et Audebert parlent d’un homme aux nombreux mensonges, que sa seule version des faits n’arrive plus à protéger. 

Les témoignages de la mère et des deux frères de la victime, hier midi, ont permis de redorer le blason d’un homme présenté par la défense comme trop peu scrupuleux, flambeur, manipulateur.
Pour l’avocate générale, l’intention homicide est avérée. Évidente. L’accusé sait que, le lundi, l’argent (toujours en liquide) est important. C’est la somme amassée sur les marchés jusqu’au dimanche et elle sert à faire les achats de viande, à Rungis (Val-de-Marne), dès le mercredi matin : « Il est allé directement aux coups de couteau dans une zone vitale. Il ne va lui laisser aucune chance. »
Tandis que la victime se vide de son sang, l’accusé, sous l’empire de l’alcool, se lave les mains, fouille l’appartement, emporte l’argent, une bouteille de whisky, les montres, le couteau et ferme la porte à clé.
Sans bruit. « Un comportement froid et inhumain », insiste Me Rémi Audebert qui représente les parents de la victime. 

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