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Tribune de l’islamologue franco-marocain Rachid Benzine, souvent présenté comme l’un des représentant de “l’islam libéral”, sur l’organisation de l’islam en France.

Dans nombre de quartiers de France, la vie de la majorité des gens qui ne sont pourtant pas musulmans, est désormais marquée par cette présence de plus en plus visible, de plus en plus prégnante de l’islam. Le phénomène ira, de surcroit, en augmentant, à la fois parce que les flux migratoires vont dans ce sens, et aussi parce que nous sommes dans une période de « revivalisme » de l’islam dans le monde, un islam militant et ostentatoire.

Aujourd’hui, en France, il manque une bonne connaissance de l’« islam réel », comme d’une bonne connaissance de l’« islam militant » qui est probablement l’islam qui dominera demain si nous posons les mauvais diagnostics et apportons les mauvaises réponses à la problématique de l’organisation du culte musulman.

On ne peut pas considérer que la présence de l’islam en France constitue seulement une « question privée » pour les fidèles de cette religion. En effet, une religion, ce n’est pas seulement des convictions intérieures, des pratiques vécues dans l’espace des lieux de culte et dans la famille : c’est, aussi, une manière de comprendre le monde, de vouloir l’organiser, de se comporter dans la relation aux autres et dans l’espace public.

L’installation – que l’on peut désormais supposer définitive – de l’islam dans la société française – société où il n’était presque pas présent il y a seulement soixante-dix ans – constitue, de ce fait, une véritable « révolution française ». […]

L’islam, comme le christianisme, est une religion à dimension universelle. On pourra tenir tous les discours que l’on voudra, le cœur de l’islam restera toujours la Péninsule arabique, et la Grande Mosquée de Paris ne remplacera jamais La Mecque et sa Kaaba ! D’ailleurs, demande-t-on aux Juifs de France de vivre un « judaïsme de France » ? Aux catholiques ou aux protestants de vivre un « christianisme de France » ? (et aux évêques français de rompre leur allégeance au pape de Rome ?). De fait, le catholicisme et le protestantisme se sont largement acculturés à la réalité française (philosophie politique, dimensions socio-culturelles multiples). […]

Pousser les musulmans de France à rompre avec les influences des pays d’origine ? […] Mais peut-on être sûr que cette option soit la plus raisonnable ?

D’une part, on ne peut négliger le fait que ces pays sont les « pays de cœur » de la majorité des musulmans de France, lesquels sont, pour la majorité d’entre eux, des binationaux. Mettre comme condition à la construction d’un « islam de France » cette rupture, c’est un peu comme si l’on voulait imposer aux Juifs de France la rupture avec les institutions de l’Etat d’Israël, et aux catholiques la rupture avec les institutions du Vatican ! Il s’avère, de surcroit, que la plupart desdits pays sont des pays amis de la France, dont les gouvernements sont généralement nos alliés dans la lutte contre le développement et les ravages d’un islam intégriste meurtrier. […]

saphirnews

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