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Des chercheurs dénoncent le système des concours, qui loin d’être équitable, selon eux, serait profondément “élitiste” et “faussement méritocratique”.

« En France, on croit en une mesure unique pour évaluer les personnes et cette mesure, c’est celle de l’excellence. Tout le système éducatif est irrigué par cette croyance. » (Agnès van Zanten, directrice de recherche au CNRS)

 

« Ce modèle relève d’une conception aristocratique de la démocratie qui ne peut être animée que par les meilleurs », relève Claude Lelièvre, professeur honoraire d’histoire de l’éducation à l’université Paris-V-Descartes.

 

La tradition du concours à la française est ancienne, elle remonte à 1794, avec la création de l’Ecole polytechnique. D’abord limité à quelques écoles au XIXe siècle, le phénomène «connaît un développement considérable à partir de la seconde partie du XXe siècle, parallèlement à la massification de l’enseignement supérieur», rappelle Bruno ­Belhoste, professeur d’histoire des sciences à l’université ­Paris-I-Panthéon-Sorbonne. […]

Pour ses défenseurs, les arguments ne manquent pas. Avec ses épreuves anonymes passées dans les mêmes conditions pour tous, le concours assure une égalité parfaite entre les candidats. « A partir du moment où l’on veille à diversifier le nombre de matières et les types d’exercices, c’est le système le plus efficace, au sens où il permet de sélectionner les meilleurs », souligne Eloïc Peyrache, directeur délégué d’HEC. […]

«Les concours récompensent un type de rapport à la connaissance directement lié au milieu social de l’élève», souligne Agnès van Zanten, directrice de recherche au CNRS. […]

Pourtant, ce système de recrutement est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs lui reprochent d’être très formaliste et de sélectionner avant tout sur les connaissances. « Comme ils reposent sur des exercices répétitifs, les concours sont incapables de repérer les étudiants les plus créatifs, innovants, ceux qui ont une grande capacité d’adaptation», déplore François Garçon.

Autre reproche : sous le couvert d’être méritocratique, le concours est en réalité profondément élitiste. « Une partie du programme sur lequel planchent les candidats aux plus grandes écoles n’est enseignée que dans quelques classes préparatoires, auxquelles n’ont accès que ceux qui ont bénéficié d’un solide parrainage familial et scolaire. C’est vrai dans les disciplines littéraires, mais également dans les matières scientifiques », pointe Agnès van Zanten, directrice de recherche au CNRS et professeure en sociologie à Sciences Po. […]

Sauf que si le système éducatif est sélectif, c’est justement parce qu’il est organisé autour du concours et qu’il conditionne les années de collège et surtout celles du lycée. «Il engendre une tension sur l’ensemble du système, souligne Agnès van Zanten. Il pousse les parents à élaborer des stratégies pour permettre à leurs enfants d’y réussir. En sélectionnant les meilleurs élèves et en leur permettant de suivre les bonnes options, les bonnes filières, les établissements scolaires participent également à cette logique.»[…]

Le Monde

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