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Dans la nuit de dimanche à lundi, 1.031 voitures ont été brûlées. Une « tradition » qui remonte aux années 1980, raconte à « 20 Minutes » le sociologue Michel Wieviorka.

A quelle époque ce phénomène est-il apparu ?

On observe cette « tradition » depuis les années 1980-90. Elle est apparue dans le prolongement des premières violences urbaines. Ce qui a toujours étonné les spécialistes, c’est qu’elle est plus suivie à Strasbourg qu’ailleurs. Je me souviens même, qu’à la fin des années 1990, quand j’étudiais les problèmes de violence urbaine à Strasbourg, des jeunes d’un quartier populaire nous avaient fièrement expliqué que lorsqu’ils brûlaient des voitures, les équipes de TF1 se déplaçaient alors que ceux d’une autre banlieue ne parvenaient qu’à faire venir la presse régionale ! On s’est souvent demandé pourquoi le phénomène était plus fort là-bas. Je crois qu’à partir du moment où une tradition s’est installée, elle se reproduit.

Pourquoi des voitures sont-elles brûlées le soir du réveillon ?

Cela n’a pas de dimension politique. C’est vaguement l’expression d’une certaine contestation de ce qu’est la société. Mais on est très très loin de la moindre politisation. C’est très infrapolitique. C’est avant tout ludique. Il est très facile, techniquement, de mettre le feu à un véhicule et de s’enfuir aussitôt. En outre, c’est une façon d’agir qui n’est pas très risquée d’un point de vue policier pour les jeunes. Et puis, on n’a pas besoin d’aller très loin, on peut faire ça dans son propre quartier ou à côté.

Quel est le profil des auteurs de ces incendies ?

A l’évidence, ce sont plutôt des jeunes de quartiers populaires. Mais il faut être très prudent. On avait beaucoup dit, il y a quelques années, que les tags étaient faits par des jeunes de milieux populaires, issus de l’immigration. Jusqu’au jour où on s’est aperçu que les jeunes de couches moyennes des centres-villes en faisaient aussi. […]

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