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Par Gabriel Robin

En visite au Burkina-Faso, Emmanuel Macron a parfois eu de faux airs du personnage OSS 117 ou de Francis Kuntz en goguette dans les restes du monde. C’est, du moins, ce que pourrait laisser penser une analyse superficielle, se limitant à l’examen de quelques extraits de l’intervention du président face aux étudiants de l’Université de Ouagadougou. Extraits diffusés et calibrés par les médias français. Par moments, Emmanuel Macron paraissait même marcher dans les pas de Bernard Lugan qui recommandait dans un de ses ouvrages les plus récents d’« oser dire la vérité à l’Afrique ». Car, oui, le langage tenu par Emmanuel Macron face à une jeunesse burkinabaise, toujours inspirée par le caractère héroïque de feu Thomas Sankara, avait des accents de sincérité. Peu enclin aux « pudeurs de gazelle », l’actuel locataire de l’Elysée s’emploie en effet à briser méthodiquement certains tabous contemporains. (…) 

Tout n’a pourtant pas été parfait dans l’intervention d’Emmanuel Macron. Loin de là. Obligé de donner des gages, il s’est laissé aller à un discours de repentance sur la période de la colonisation. S’il est évident que le processus de la colonisation a généré des crimes, la colonisation ne fut pas criminelle dans son ensemble. Une nuance complexe à saisir à notre époque. Enfin, Emmanuel Macron s’est transformé en Père Noël à l’approche des fêtes, promettant notamment de répondre au « grand défi de la mobilité » consistant à « repenser nos liens et la circulation des femmes et des hommes entre nos continents », en souhaitant pour cela « que tous ceux qui sont diplômés en France puissent y revenir quand ils le souhaitent grâce à des visas de circulation de plus longue durée ». Déraisonnable pour qui connaît les réalités du terrain, les études supérieures étant l’une des principales pompes aspirantes à immigration. Bien souvent, des étudiants redoublants se perdent dans la nature pour rester dans notre pays.

Dans l’ensemble, on retiendra un discours musclé, assez proche des réalités. En somme, pragmatique. Oh, ne soyons pas dupes, rien n’indique que les paroles seront suivies d’actes à la hauteur. Toutefois, la progression métapolitique est importante. La période où la France battait sa coulpe en Afrique paraît révolue. Un chapitre se ferme.

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