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Depuis le tournant du millénaire, l’espérance de vie se dégrade aux Etats-Unis. Un phénomène que l’on observe notamment chez les hommes blancs peu diplômés.

Parmi les pays développés, les Etats-Unis se singularisent par un phénomène surprenant : une hausse de la mortalité à des âges intermédiaires depuis le tournant du millénaire, hausse suffisamment importante pour affecter négativement l’espérance de vie.

(…) Ce n’est pas l’inégalité croissante des revenus mesurée en chaque point du temps qui est cause de la hausse de la mortalité, mais plus probablement une modification de la distribution des perspectives professionnelles et sociales d’une génération à une autre, elle-même possiblement le résultat de la mondialisation et du changement technique.

La hausse de la mortalité ne concerne que la population blanche dont l’éducation ne dépasse pas le secondaire. A tout âge, la mortalité poursuit sa diminution séculaire pour les populations afro-américaines et hispaniques et pour les personnes disposant d’un niveau supérieur d’éducation. Il ne s’agit donc pas d’un effet direct de revenu puisque les Noirs et les Hispaniques ont connu les mêmes chocs économiques que les Blancs moins éduqués.

La hausse de la mortalité chez ces derniers se doit principalement à une augmentation des décès qualifiés de « mort par désespoir », c’est-à-dire les suicides, les décès dus à l’alcoolisme ou la prise de drogue, y compris ceux qui résultent de l’addiction aux opioïdes destinés à soulager les douleurs chroniques – elles-mêmes souvent d’origine dépressive.

On peut voir cet ensemble de phénomènes comme l’expression de l’effondrement au début des années 1970 de la classe ouvrière américaine, alors à son apogée.

Et l’on ne peut s’empêcher de rapprocher cette conclusion du populisme de Donald Trump clamant sa volonté de rapatrier l’industrie américaine et ses « jobs » disparus. Il a réussi à convaincre une large part de la classe ouvrière par ce discours. Mais, bien sûr, ces jobs ne reviendront pas.

Les Echos

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