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Le philosophe Paul Thibaud analyse la place de l’islam en France.

Emmanuel Macron a livré à Abu Dhabi une vision de l’islam surprenante : «Ceux qui veulent faire croire, où que ce soit dans le monde, que l’islam se construit en détruisant les autres monothéismes sont des menteurs et vous trahissent.» Pour accorder une telle caution à la seconde religion de France et se porter garant de sa nature pacifique, il faut oublier la geste militaire musulmane commencée à Médine au temps même du Prophète.

Ce bricolage flatteur est destiné à plusieurs publics : les habitants de la péninsule arabique invités à se détourner de l’intégrisme ; les intolérants, éventuellement terroristes, qui sévissent ailleurs ; et enfin les Européens que nous sommes, enclins à des préjugés qui les trompent, selon Emmanuel Macron. Dans ces trois directions, notre président a adressé une injonction de tolérance, qui malheureusement est aussi une dénégation, donc l’indice d’un désarroi : si on remplace une réalité gênante par une image complaisante, c’est parce qu’on ne sait pas comment faire face à la réalité. […]

C’est dans les années 1920 qu’on a donné aux évêques autorité sur l’usage des lieux de culte devenus propriété publique. C’est depuis 1959 que la loi Debré permet, sous contrôle et grâce à des subventions, aux établissements religieux de contribuer au service public de l’éducation. Quant à la stabilité de notre laïcité, elle a tenu à des traits socioculturels plus ou moins explicites. L’explicite, c’est le ralliement progressif du catholicisme aux principes essentiels de la démocratie : l’égalité des sexes (hors de son régime interne), la liberté de conscience, la légitimité éminente de l’État démocratique et la valeur spirituelle non pas du nationalisme, mais du dévouement à la patrie.

Ce qui est moins explicite, c’est l’enracinement de cet accord dans les moeurs, dans une manière de faire société qui rend sensible la concorde nationale : les catholiques et les laïcs ne font pas sociétés à part, les manifestations du religieux sont cantonnées dans l’espace et dans le temps. Réciproquement, la participation des hommes de religion à certains débats publics est admise, elle le serait sans doute plus naturellement si notre laïcité était plus « mature ».

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Le Figaro

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