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C’est une expression triviale, voire violente. Un terme qui n’a cours qu’au sein de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et qui se passe de génération militante en génération militante : « castorisation ». Cela signifie « construire le syndicat à coups de queue », en référence à la manière dont un castor érige un barrage. Après un rapport sexuel avec une « camarade », tel militant se vante alors de l’avoir « castorisée ». (…)

Longtemps, ce barbarisme a été utilisé comme une blague graveleuse et de mauvais goût. Mais il prend une tout autre résonance aujourd’hui, à la lumière de plusieurs faits qui sont rendus publics.

Annaïg continue cette longue liste d’interpellations, en décrivant des faits d’une extrême gravité. Comme des filles qui « ont dû avorter » et les « pressions voire les menaces qu’elles recevaient pour se taire ». « Suis-je la seule à avoir été provoquée par un haut responsable de l’organisation qui savait que je vomissais ses pratiques ? (Pour moi, ce fut cette fois où il caressa publiquement l’entrejambe d’une camarade sans lui demander son avis en me disant, l’œil lubrique : “Ça te choque hein ?”). »

Elle évoque aussi comment certains cadres utilisaient les rencontres nationales, et la montée de « camarades » provinciales, pour choisir qui ils hébergeaient et pouvoir en profiter sexuellement. Les mots sont crus, ils sont durs, à la mesure des faits décrits.

D’autres personnes nous raconteront aussi comment des dirigeants repéraient, depuis la tribune, une jeune fille qui leur plaisait dans la salle, avant d’obtenir son numéro, et être insistant ensuite pour coucher avec elle. Cette pratique était surnommée « la chasse » par certaines militantes.

Interrogé par Le Monde sur le récit d’Annaïg, Jean-Baptiste Prévost reconnaît : « L’organisation n’est sans doute pas exempte de reproches. »

Un autre témoignage publié sur Facebook jeudi par Raphaëlle Rémy-Leleu complète ce portrait de la face sombre de l’UNEF. Aujourd’hui porte-parole de l’association Osez le féminisme !, elle fut à l’UNEF entre 2010 et 2014, sous les mandats de Jean-Baptiste Prévost, d’Emmanuel Zemmour (élu en 2011) et de William Martinet qui lui succéda à la toute fin 2013. Elle décrit par le détail la façon dont les couples sont surveillés, épiés, mais aussi les pressions qu’elle a subies en raison de sa vie sexuelle. Elle l’assure : « Aucune [militante] n’a échappé à la violence sexiste de l’organisation. » (…)

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