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L’arrestation, au sein de la maison d’arrêt de Fresnes, de deux détenus qui voulaient organiser un attentat, confirme l’existence de risques immédiats à l’intérieur même des prisons. Le nouveau service chargé de surveiller les détenus est sur le qui-vive. Il y a encore un an, le Bureau central du renseignement pénitentiaire (BCRP) n’existait pas. Il est devenu aujourd’hui, et par la force des choses, un interlocuteur incontournable pour la lutte contre le terrorisme djihadiste.

“Alors que nous sommes confrontés à l’introduction massive de téléphones portables dans les établissements pénitentiaires, nous n’avons pas le pouvoir d’exploiter cette mine d’informations.”

Leurs agents sont au cœur d’une population qui évidemment nous intéresse. On peut avoir grâce à eux des informations très précises sur des parcours individuels, et jusqu’au financement du terrorisme“, résumait il y a peu un haut responsable du renseignement français.

Les apports de ce service, opérationnel depuis janvier 2017 et destiné à veiller sur l’ensemble des prisons françaises, sont essentiels. Cet été, une note soulignant que 1.150 détenus étaient aujourd’hui considérés comme des individus radicalisés, en plus des 500 personnes emprisonnées dans le cadre de dossiers terroristes, est ainsi remontée jusqu’au centre national du renseignement basé à l’Elysée – la fameuse “task force” d’Emmanuel Macron. […]

Le renseignement pénitentiaire appartient au deuxième cercle du renseignement – le premier est composé de la DCRI, de la DGSE, de la DRM, de la DRSD, de DNRED et de Tracfin. Il est aujourd’hui constitué de trois niveaux : un bureau central, 10 cellules interrégionales et des délégations locales dans les établissements. “Il ne s’agit pas d’un espion par prison mais d’un référent par prison“, précise une source pénitentiaire.

Les informations, dans un monde déjà très contrôlé, sont appelées à être collectées, analysées dans la durée, puis synthétisées. L’état d’esprit est de suivre le détenu au fil des mois, en lien avec les services judiciaires qui déjà sont chargés de noter l’évolution de chaque individu sur le terrain de la discipline, de la santé, de l’éducation, de la réinsertion…

Avec une enveloppe de 4 millions d’euros en 2017, le service compte 250 agents, dont 50 au bureau central. Budget et effectifs doivent encore s’étoffer, a programmé le ministère de la Justice. Enfin, autre caractéristique du bureau central du renseignement pénitentiaire : il est à ce jour le seul dirigé par une femme : la magistrate Charlotte Hemmerdinger. […]

D’un avis partagé par tous, il faudrait encore quatre à cinq ans pour que le bureau soit véritablement opérationnel, avec la mémoire, l’expérience et la durée qui fondent les bonnes missions de renseignement.

Le Nouvel Obs

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