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Tribune de Benjamin Stora, président du conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI). Né en Algérie, Benjamin Stora est un ancien militant du mouvement trotskiste OCI (Organisation communiste internationaliste).

L’ensemble des démocraties européennes est confronté à une course de vitesse : la géopolitique des flux dépasse largement la guerre civile en Syrie ; son ampleur est durable. Nous devrons donc apprendre à vivre avec des personnes issues de pays, de cultures et de langues différentes des nôtres.

Il y a dix ans, la légitimité du Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI) a été fortement débattue.

Au point de départ de sa création, on trouve la bataille pour l’inversion des regards autour de la question migratoire, perçue de manière négative dans une partie importante de la société française.

Il fallait trouver une traduction culturelle à l’effervescence de l’antiracisme des années 80. Tout s’est accéléré avec l’accession du FN au second tour de la présidentielle de 2002 . Une mission de préfiguration a été confiée par Jacques Chirac à Jacques Toubon. Dès l’origine, des questions méthodologiques se sont posées : ce lieu devait-il être un simple lieu d’histoire et de mémoires ou une entreprise citoyenne ? La réponse apportée à l’époque reste valable : ce lieu, devenu «Musée national», doit être les deux à la fois. Il s’agit de raconter une histoire de l’immigration, de la faire entrer dans le patrimoine commun de tous les Français et d’essayer de la faire vivre dans le présent, à travers les combats contre le racisme et pour la citoyenneté. […]

Il nous faut d’abord permettre une reconnaissance plus importante de l’apport des immigrations post-coloniales. Il est assez remarquable que, malgré la démonstration apportée par les chercheurs de l’influence de la période coloniale et post-coloniale sur l’immigration, celle-ci peine toujours à se faire admettre, notamment au sein de l’école. […]

Libération

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