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Contre la haine est un plaidoyer antiraciste venu d’Allemagne, qui fait l’éloge d’une société multiculturaliste. Un discours moralisateur qui ne se soucie guère de la réalité.

(…) L’événement fondateur de ce livre est complaisamment décrit: un car de migrants agressé par une foule hostile dans une petite ville de l’est de l’Allemagne, Clausnitz. Les «citoyens inquiets» deviennent sous sa plume de simples racistes haineux.

«Mais que voient-ils? Que voient-ils autrement que moi?», demande-t-elle avec une fausse ingénuité.

On peut lui répondre, pourtant. «Ils» voient les violences, les viols, les meurtres, les ghettos ethniques et religieux, des diasporas étrangères de plus en plus nombreuses, de plus en plus étendues, de plus en plus séparées des indigènes, la charia de fait, les boutiques halal, les hommes en qamis, les femmes voilées, etc. «Ils» voient leur avenir d’autant plus aisément qu’il est le présent de leurs voisins, français, anglais ou suédois. Ils sont en vérité beaucoup plus rationnels que notre «grande figure intellectuelle», qui ne connaît que le seul registre de l’indignation, de l’émotion et de la prédication. C’est une des grandes innovations du XXIe siècle: la rationalité a changé de camp.

Carolin Emcke reproche aux «haineux» de construire ces «migrants» en un «Autre» irréductible, un «non-Nous». Mais c’est exactement ce qu’ils sont!

Ces migrants, venus d’Afghanistan, d’Irak ou de Syrie, sont «autres» par les mœurs, la culture, la religion, bref, représentent une autre civilisation.
Pour elle, il n’y a que des individus ; pour les «haineux», ces individus, venus en groupe, constituent un peuple en gestation, sur un territoire qui leur est étranger, qu’ils ont «envahi» sans y avoir été invités. Qui est le plus réaliste?

Carolin Emcke plaide pour un «Nous universel», qui nie toutes les différences que l’Histoire et la géographie ont façonnées au fil des siècles. Les «haineux» ont d’instinct retenu la leçon de Carl Schmitt et de Julien Freund, qui nous ont appris que la politique est fondée sur l’opposition entre un «nous» et un «Autre», entre un «ami» et un «ennemi», et qu’un peuple qui renonce à cette distinction n’abolit pas les lois de la politique, mais annonce sa mort volontaire. Qui est le plus politique?

(…) Notre auteur dénonce les sociétés «homogènes» pour mieux glorifier les sociétés «hétérogènes» ; elle voue aux gémonies la prétendue quête de «pureté» dont elle accuse les «haineux», pour mieux exalter «l’impureté». Elle ne se rend même pas compte qu’elle ne fait que tendre le miroir inversé des anciens délires racistes et nazis sur la race pure et supérieure. Notre féministe engagée, qui vomit le «patriarcat», écrit «blanc avec une minuscule, noir avec une majuscule, pour inverser la hiérarchisation sociale».

Le Figaro

Merci à valdorf

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