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Dans sa chronique hebdomadaire, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », estime que l’Europe n’a pas encore pris la mesure de la crise des migrants. Seul un plan d’ensemble, de politiques multiples et concertées, peut constituer une réponse.

Deux ans après la grande crise des réfugiés qui a bouleversé l’Allemagne, l’Europe hésite. Compte, recompte, décompte. Tergiverse. Négocie. Bricole. Gronde, parfois, puis se tapit. Soucieuse d’éviter toute secousse supplémentaire à des électeurs qui devraient lui confier un quatrième mandat dimanche 24 septembre, la chancelière Angela Merkel mène une campagne du statu quo, surveillant du coin de l’œil la montée du parti d’extrême droite, Alternative für Deutschland (AfD).

Y avait-il une alternative à l’accueil de 1 million de réfugiés arrivés aux portes de l’Allemagne ? Non, bien sûr.

Mais en Europe, tout se passe comme s’il ne s’agissait que d’un épisode isolé. Comme si l’on n’avait pas pris la mesure de la nouvelle dimension migratoire. Le mouvement lancé fin 2014, début de l’exode massif des réfugiés par la Méditerranée, n’a jamais pris fin. Surveillant la courbe des arrivées sur les rives européennes comme le lait sur le feu, les dirigeants veulent se rassurer lorsque la courbe amorce une descente, au gré d’un accord passé avec tel ou tel pays de la rive sud.

La courbe est trompeuse, ils le savent. Comme au jeu du chat et de la souris, les passeurs changent de route. Si le nombre de morts engloutis par la mer a diminué, il reste à des niveaux intolérables. Au total, ont calculé les experts, 30 000 personnes sont mortes depuis vingt ans en tentant de traverser la Méditerranée. Trente mille morts, tous civils : un bilan plus lourd que bien des conflits armés.

Comme dans tous les conflits, une économie a prospéré sur ce champ de bataille : l’économie du trafic humain, plus lucratif que le trafic de drogue ou celui de contrebande. Cette économie aussi évolue, s’adapte aux énormes opérations de surveillance et de sauvetage, produit aujourd’hui un modèle « low-cost » toujours plus dangereux. Non, ce n’est pas fini. En 2015 et 2016, l’Europe a enregistré 2,5 millions de demandes… […]

Le Monde

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