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Esclavage, colonisation, notre histoire a ancré dans les esprits des stéréotypes tenaces. Des clichés qui engendrent du racisme et perpétuent les inégalités. Article de Nabil Wakim dans Le Monde.

« Ces images puisent dans notre histoire collective. Or, si la France est devenue multiculturelle, cela n’a pas été résolu du point de vue du roman national. » (Nacira Guénif-Souilamas, professeur à l’université Paris-VIII)

Pourquoi est-il encore si difficile d’imaginer un homme blanc en ramasseur de poubelles ? Un Français noir ou arabe en patron du CAC 40 ou en président de la République ? Nos stéréotypes répondent à une mécanique simple, presque animale. Ce que le cerveau ne sait pas ranger, il le classe dans la catégorie la plus proche de ce qu’il connaît. «C’est avant tout un ­mécanisme cognitif, pas forcément ­négatif d’ailleurs, explique Mirna Safi, chercheuse à Sciences Po et spécialiste des questions de discrimination. Notre cerveau a toujours tendance à aller au plus simple. Dès qu’il peut faire des raccourcis, il le fait : c’est une économie cognitive. » Nous ne pourrions pas ­appréhender la complexité du monde si notre cerveau ne faisait pas ce travail de raccourci. «Ces représentations sont inhérentes à la vie sociale : on ne peut pas les éradiquer, ajoute le sociologue de l’immigration Smaïn Laacher, auteur du Dictionnaire de l’immigration en France (Larousse, 2012). C’est une manière de mettre de l’ordre dans son rapport au monde. »

Si les stéréotypes sont courants, ils ne viennent pas de nulle part : en France, les préjugés qui concernent l’immigration ont été nourris, depuis plus d’un siècle, par l’histoire de la colonisation. […]

Des boîtes de Banania qui trônent encore sur les étagères des cuisines françaises aux caricatures véhiculées par les marques de notre ­enfance, nos esprits sont remplis d’une iconographie coloniale solidement ancrée. […]

. «En France, les musulmans sont toujours traités comme des éléments étrangers à la France, affirme John Bowen. On continue de faire le tri entre les bons et les mauvais Arabes, une différence qui était déjà utilisée par les colonisateurs. Et de considérer que plus on est musulman pratiquant, moins on est intégré. Or, on peut être pleinement français et totalement pratiquant. » […]

Le Monde

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