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Comment concilier “Laisse pas traîner ton fils de NTM” et “Critique de la raison pure” de Kant dans une salle d’amphithéâtre ? Réponses avec Alain Milon, professeur de philosophie (Université de Paris Ouest – Nanterre La Défense) et passionné de culture urbaine, qui organise un colloque entier sur le hip-hop à l’université de Nanterre en mars prochain.

C’est plus facile de fédérer des populations qui sont plus ou moins éloignées des protocoles académiques. C’est plus facile de leur faire travailler l’écriture ou la poésie avec des textes qu’elles écoutent à longueur de journée. C’est plus facile d’initier à la poésie avec du rap qu’avec Baudelaire. C’est plus facile de les initier à la calligraphie en passant par le graff ou le tag plutôt qu’en passant par des études plus académiques. Ce sont des protocoles pédagogiques.


(NTM)

D’où vous vient cette passion pour le hip-hop ?

Alain Milon : J’ai découvert le hip-hop quand j’étais à Los Angeles. Quand je suis rentré en France vers 1984, j’ai observé que ce phénomène était encore naissant.

Quelle définition donneriez-vous au hip-hop ?

C’est trop compliqué, la définition ne rimerait à rien. Ça dépend si on parle de graff, de musique ou de danse. Il existe différentes entrées possibles.

Je ne travaille pas réellement sur le hip-hop mais sur les expressions de l’oralité et sur les bruits de la ville notamment le rap qui fait partie des bruits de la ville.
Le hip-hop, c’est une espèce d’enseigne marketing, ça ne veut pas dire grand chose. Aujourd’hui en France, cette appellation est devenue un moyen de vendre des chaussures. Le terme de “culture urbaine” serait plus approprié.

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Comment conciliez-vous rap et enseignement ?

Quand je fais un cours sur le rap, je le fais comme si je faisais n’importe quel autre cours. J’utilise le rap comme si j’utilisais la poésie de Rimbaud, c’est pareil. C’est une matière. C’est complément différent dans le secondaire ou le primaire : quand ils font des ateliers d’écriture de poésie urbaine, ils trouvent un avantage à travailler sur des rappeurs parce qu’ils sont plus proches de leurs élèves. Dans le supérieur, on a un objet d’étude, un terrain, une problématique, quel que soit l’objet que vous étudiez, que ce soit le rap, le graffiti ou la poésie de Baudelaire.

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Bondy Blog

Merci à Michel

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits […]

(Spleen IV de Charles Baudelaire)

Tout a débuté un matin quand à dix heures dix
Je fus tiré du lit par l’emmerdeur de service
Mon voisin du dessus, en bon fan d’Elvis
Passe ses week-ends à foutre à fond
De lives de Memphis […]

(La Fièvre, NTM)

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