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Le chiffre est frappant : en France, un produit acheté sur trois vient désormais de l’étranger. Les Français ont beau se déclarer dans les sondages de plus en plus sensibles à l’argument du « made in France », se dire prêts à payer davantage pour un article bleu-blanc-rouge, la réalité est toute autre. Jamais ils n’ont autant acheté de produits importés, qu’il s’agisse de chaussures, de fours à micro-ondes, d’ordinateurs ou encore de machines-outils. C’est ce qui ressort des données fournies au Monde par l’Insee.

De l’après-guerre jusqu’en 1968, la part la part des importations dans le marché intérieur est restée stable autour de 13 %. Elle n’a, ensuite, pratiquement pas cessé de grimper. Lentement mais très sûrement, elle a franchi le cap des 20 % en 1977, celui des 25 % en 2004, pour monter à 30 % en 2014. L’activisme d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif puis de l’économie entre 2012 et 2014 et chantre des produits tricolores, n’y a rien changé. Les importations ont poursuivi leur ascension, avec un sommet à 33 % de la consommation nationale au premier semestre 2017. […]

François Mitterrand s’était déjà heurté au problème en 1981. […] Depuis, la situation ne s’est guère améliorée. Des années de désindustrialisation galopante sont passées par là. Des centaines et des centaines d’usines fermées. Peu d’ouvertes. Des pans entiers de l’industrie ont disparu. Dans le textile, l’habillement, le cuir et la chaussure, la production tricolore a fondu de 87 % en vingt ans ! L’industrie du meuble, celle du papier ont été mises à mal. Dans l’automobile, Renault et PSA ont transféré hors des frontières l’assemblage d’une bonne part de leurs véhicules, surtout pour le bas et le milieu de gamme.

L’économiste Sylvain Broyer, de Natixis, a fait ses calculs. Depuis vingt ans, quand la consommation française croît de 1 %, les importations s’emballent, elles, de 1,8 %. Il en va différemment en Allemagne. Une hausse de 1 % du marché intérieur y entraîne une progression de seulement 0,8 % des achats à l’étranger. Conclusion : « En France, la consommation fabrique du déficit commercial ; en Allemagne, elle donne de la production et des emplois. »

Le Monde

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