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Victimes des purges massives effectuées par le régime après la tentative de coup d’état en Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, quelque 22 000 personnes ont rejoint un groupe de soutien sur Facebook.

Ce groupe privé sur Facebook est une Turquie en miniature. Il relie des syndicalistes de gauche, un professeur d’université islamiste, un coiffeur conservateur, ancien électeur du Parti de la justice et du ­développement (AKP, au pouvoir), une veuve mère de deux enfants, sans emploi ni affiliation politique…

Ces purges visaient à l’origine le réseau de l’imam Fethullah Gülen, instigateur supposé du putsch raté. Etendues, depuis, à diverses formes d’opposition, elles frappent presque au hasard. Quelque 50 000 personnes sont actuellement emprisonnées, selon une estimation de l’Association des droits de l’homme turque (IHD). Environ 104 000 sont poursuivies en justice, selon des chiffres officiels datant du mois de mars. Plus de 135 000 ont été limogées ou suspendues de leur emploi par ­décrets gouvernementaux ou ­décision administrative.

M. Bayrakli a perdu son emploi en septembre 2016, il ne sait pas exactement pourquoi. Il avait ­rejoint brièvement, en 2012, un syndicat affilié à la mouvance Gülen. C’était une façon de résister à son proviseur, qui demandait aux employés du lycée de s’encarter auprès d’un autre syndicat lié à l’AKP, dit-il. Le jeune homme suppose que son nom est demeuré sur une liste d’adhérents, qui n’aura pas été mise à jour, ou dans des archives.

M. Bayrakli n’est pas poursuivi en justice, mais il est inemployable : un décret gouvernemental le mentionne explicitement. Son passeport et sa carte bleue ne sont plus valides, mais il s’estime chanceux : ses parents le logent et le soutiennent. D’autres membres du groupe ont vu leurs comptes bancaires fermés. D’autres encore leurs biens gelés mais non saisis : ils ne peuvent vendre une maison ou une voiture pour subvenir à leurs besoins. Leurs relations ­sociales s’effacent, disent-ils, hormis quelques amis et des parents proches : ils sont devenus des ­« intouchables », des proscrits. […]

Le Monde

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