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A l’Elysée, la confusion règne. Le Quai d’Orsay joue la politique des Frères musulmans représentés par Belhadj – dont l’ambassadeur de France pour la Libye dit le plus grand bien. A la Défense, Jean-Yves Le Drian soutient le camp opposé : celui de Haftar, le seul qui lutte contre les groupes djihadistes implantés à Benghazi et Derna. Et François Hollande est incapable de trancher.

Aidé par Paris pendant la révolution, l’ancien djihadiste Abdelhakim Belhadj a été protégé par le quai d’Orsay et pourchassé par la Défense. La parfaite illustration de nos errements en Libye 

Oubliés la France triomphant de Kadhafi, les drapeaux tricolores agités en arrière-plan d’un Nicolas Sarkozy tout juste débarqué en terre libyenne « libérée ». Ce 20 juillet 2016, en tête d’un cortège qui écume les rues de Tripoli, le mufti Al-Ghariani appelle à « faire la guerre contre la France ». La veille, les corps de trois sous-officiers de la DGSE ont été retrouvés dans l’épave d’un hélicoptère de la milice du général Haftar, son ennemi juré. Ce sont les hommes du mufti, la Brigade de défense de Benghazi, qui ont abattu ­l’appareil. La chaîne de télévision qatarie Al-Nabaa, proche des Frères musulmans, consacre à l’événement une édition spéciale contre la présence française en Libye. En Turquie, depuis son bureau cossu d’Ankara, Abdelhakim Belhadj, un homme d’affaires, djihadiste et milliardaire, réclame « une commission d’enquête ». Il a une idée derrière la tête : ses hommes et ceux du mufti vont s’allier avec le groupe terroriste Ansar Al-Charia pour attaquer le Conseil de la présidence à Tripoli.

Pourquoi le Quai soutient-il les hommes qui pactisent avec Al-Qaïda ou Daech, plutôt que ceux qui les combattent ? La journaliste Isabelle Mandraud apporte une réponse dans son ouvrage « Du djihad aux urnes ». Celui-ci retrace le parcours d’Abdelhakim Belhadj, « démocrate » le jour, djihadiste la nuit.
Dans les années 1980, ce brillant sujet renonce à des études d’ingénieur et rejoint Ben Laden en Afghanistan. Il combat à ses côtés contre les Russes. Au début des années 1990, il le suit au Soudan tandis qu’une partie de ses hommes s’établit au Royaume-Uni, à Manchester. Les Britanniques soutiennent alors tous les opposants à Kadhafi, auteur de l’attentat de Lockerbie (270 morts). Mais, après le 11 septembre, Belhadj bascule du côté obscur et paie sa proximité avec Ben Laden. En 2004, les Américains parviennent à l’attraper et le livrent à Kadhafi. Condamné à mort, il ne devait pas y survivre. Pourtant, il devra son salut à une opération de réconciliation. Saïf Al-Islam, fils et dauphin du dictateur, ainsi que le chef des services de renseignement, Al-Senoussi, ont entamé des pourparlers secrets avec les Frères musulmans, alliés de Belhadj au Qatar. Ce dernier, qui s’engage à ne pas reprendre les armes, est libéré.

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Paris Match

Merci à lesaumonrugit

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