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De retour d’un séjour de recherche à l’Université de Tokyo, l’universitaire Johan Rochel fait un parallèle entre les politiques japonaises et suisses d’immigration

Mes premières semaines dans la mégapole ont renforcé l’impression de vivre dans une société qui se voit elle-même comme largement homogène, très loin d’un pays d’immigration. L’écriture et la langue jouent à merveille un rôle de barrière «naturelle» distinguant ceux qui peuvent prétendre faire partie de la communauté et les «autres». A n’en pas douter, nous étions des «Autres».

Le migrant «autre», même celui qui arrive pourtant avec de bonnes intentions, sera à son corps défendant un facteur d’instabilité. Il se comportera de manière étrange et imprévisible et peinera à «s’intégrer» (à s’assimiler selon une terminologie plus honnête). La prévisibilité des relations humaines s’en trouvera mise en danger. Parce qu’elle crée la rencontre d’individus différents, l’immigration vient perturber une fine mécanique sociale.

Dans le sondage World Value Survey 2015, 36,3% des Japonais estiment qu’il serait souhaitable qu’aucun étranger n’habite dans leur voisinage (le troisième résultat le plus élevé des pays de l’OCDE). Après de nombreuses discussions, je suis convaincu que ce résultat ne doit pas être interprété comme du racisme généralisé, mais plutôt comme l’expression de la peur de devoir négocier au quotidien les règles du vivre-ensemble avec ces «Autres».

En 2015, 27 personnes ont été reconnues comme réfugiés (sur 7586 demandes). 79 personnes de plus ont pu rester à titre humanitaire.

Au total donc, environ 100 personnes ont trouvé refuge au Japon, sur une population totale de 127 millions.

Le Temps

Merci à Pythéas

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