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Mais précisément, est-ce que le caractère au premier abord assez polémique du film t’a-t-il fait peur ?

Félix Moati – Au début, je me suis dit, wahou, c’est un sujet compliqué donc il faut que le traitement soit à la hauteur. Les aspects polémiques du projet n’ont pas du tout constitué une motivation. Par contre, ce qui me motive quel que soit le sujet, c’est de me saisir du tragique du monde, de son chaos contemporain et de son actualité pour en faire une comédie. Le scénario de Sou était très bien fait de ce point de vue-là. Il partait d’une situation très crispée pour générer de la comédie et du lien, là où tout le monde essaie de nous fragmenter. Et puis il y avait aussi le plaisir du déguisement. Maquiller ses yeux, déguiser sa voix… En fait, je disparais sous cette burqa. Il y avait une vraie jouissance pour moi dans le fait de tout vivre de l’intérieur sans que cela soit vu. Tout passait par les yeux et par le corps, comme dans un film burlesque.

Qu’as-tu ressenti la première fois que tu as mis cette burqa ?

Je me suis tout de suite baladé tout seul sous la burqa dans la rue, là où nous faisions les essais filmés, à Ivry. J’ai ressenti l’animosité et l’hostilité des gens. Ca m’a fait de la peine car je me suis rendu compte de la bêtise dans laquelle moi-même je pouvais être. J’ai aussi ressenti beaucoup de chaleur et un sentiment de claustrophobie.

(…) Les Inrocks

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